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[Lect. VII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION TROISIÈME.
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18. Nous voulons et cent et mille de ces vaches qui t’appartiennent. Que tes bienfaits tombent au milieu de nous.

19. Nous te demandons dix vases remplis d’or. Ô vainqueur de Vritra, tu es si bienfaisant !

20. Tu es bienfaisant, ô Indra. Montre-nous ta générosité. Ne te borne pas à de minces bienfaits. Tu dois vouloir être libéral.

21. On célèbre partout ta bienfaisance, ô héros vainqueur de Vritra. Admets-nous au partage de tes richesses.

22. (Dieu) sage, (que nous regardons comme notre) enfant, je chante tes deux (coursiers) azurés. Ô toi, qui nous donnes les vaches (célestes), ne va pas les détruire avec tes (coursiers).

23. Tels que la marionnette sur le petit théâtre de bois nouvellement construit, tels brillent ces coursiers dans les voies (célestes).

24. Que j’aie un char traîné par des bœufs, ou que je marche à pied, (je souhaite) que ces généreux coursiers, dans leur voie (suprême), me soient en aide.




LECTURE SEPTIÈME.

HYMNE I.

Aux Ribhous, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. J’envoie aux Ribhous[1] mon hymne tel qu’un messager. J’invite la Vache (du sacrifice) à donner (en leur honneur) le lait de la libation. Rapides comme le vent, que (les Ribhous, habiles) ouvriers, s’élancent sans tarder dans la carrière céleste.

2. Que les Ribhous, embrassant le monde dans leurs œuvres éclatantes, achèvent de parer les deux (grands) parents ; qu’ils recherchent ensuite l’amitié des Dévas, et que dans leur sagesse ils apportent à l’homme pieux l’honneur et la prospérité.

3. Ce sont eux qui ont renouvelé la jeunesse de leurs deux ancêtres, faibles et desséchés comme deux poteaux. Que Vâdja, Vibhwan et Ribhou, aimés d’Indra, et fortifiés par le miel (du soma), soient les gardiens de notre sacrifice.

4. Toute l’année les Ribhous gardent la vache (sacrée)[2] : toute l’année ils donnent à ses chairs un embonpoint nouveau ; toute l’année ils ont porté ses splendeurs ; et c’est par de telles œuvres qu’ils ont obtenu le titre d’Immortels.

5. L’aîné a dit : « Fais deux coupes. » Le second a dit à son tour : « Faisons-en trois. » Le plus jeune s’est écrié : « Fais-en quatre. » Ô Ribhous, Twachtri a approuvé votre parole.

6. « Bien, » ont dit les Ribhous, et ils ont fait ce qu’ils s’étaient proposé. Ils ont de cette manière accompli la Swadhâ. Twachtri, en voyant ces quatre coupes briller comme la lumière du jour, s’en est approché avec plaisir.

7. Cependant les Ribhous, durant douze jours, ont reçu l’hospitalité dans la demeure du (dieu) qui ne peut rester caché[3]. (On pouvait les croire) endormis. Ils ont alors fertilisé la terre ; ils ont amené les Ondes ; (par eux) les plantes ont grandi dans les lieux desséchés, et les eaux ont rempli les vallées.

8. Les Ribhous ont formé le char (du sacrifice) qui roule heureusement, dirigé par le sage, et cette vache[4] qui revêt toutes les formes et met tout en mouvement. Que ces utiles auxiliaires, que ces excellents ouvriers, doués d’une main fortunée, daignent nous préparer des trésors !

9. Ornés de leurs œuvres et des (fruits) de leur pensée, les dieux ont applaudi à leurs travaux. L’industrieux Vâdja s’est dévoué à tous les dieux, Ribhoukchas[5] à Indra, Vibhwan à Varouna.

10. Les Ribhous, enivrés (du soma), ont créé pour Indra deux coursiers azurés, dociles au joug et chantés par la poésie. Ô Ribhous, donnez-nous l’éclat et tous les biens de l’opulence, et faites notre bonheur, comme (un ami fait le bonheur) de son ami.

11. Les Dévas ont en ce jour offert des libations et des breuvages enivrants à votre amitié, à la condition qu’elle ne se montrerait pas fatiguée. Ô Ribhous, dans ce troisième sacrifice, accordez-nous vos bienfaits.

  1. Voy. page 51, col. 1, note 1.
  2. Je suppose que cette vache est la flamme du sacrifice, qui devient aussi la flamme du Soleil.
  3. Les Ribhous, en leur qualité de rayons du Soleil, y restent cachés douze jours ; c’est le temps des pluies, et ils semblent alors travailler à la fécondité de la terre. Voy. section II, lecture iii, hymne iv.
  4. Par ce mot le poëte désigne le sacrifice avec ses formes variées et son efficacité.
  5. Il est probable que le personnage de Ribhoukchas est le même que celui de Ribhou. Le mot Ribhouckhas est aussi une épithète d’Indra.