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[Lect. II.]
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RIG-VÉDA. — SECTION QUATRIÈME.

et libéral, source d’abondance, il dresse son aigrette aux trois couleurs[1].

14. Assis sur le trône élevé et brillant que lui donne sa mère (Ilâ), il reçoit les hommages de ses chantres, qui appartiennent à la race d’Ayou. Et les mortels, pleins d’une dévotion pieuse, chargés de leurs holocaustes, soignent (ce dieu) comme ils soigneraient un nourrisson dans son berceau.

15. Ô Agni, les hommes et les femmes élèvent vers toi une prière empressée, et à un (dieu) généreux comme toi ils présentent de généreuses offrandes. Que la Terre, notre mère, ne me livre pas à l’aveuglement d’esprit.

16. Ô dieux, puissions-nous être exempts de tout mal !

17. Marchons sous la protection des Aswins, toujours nouvelle, heureuse, fortunée. Que ces Immortels nous donnent l’opulence, une forte famille, toute espèce de biens.


HYMNE XII.
Aux Viswadévas, par Avatsara, fils de Castapa.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Comme jadis, comme naguère, comme partout, (je viens) en ce moment fléchir par la prière (le dieu) qui possède le bonheur, qui, assis sur notre gazon (sacré), reçoit les plus nobles offrandes. (J’implore) ce héros clément, fort et impétueux, qui croît sous le charme de nos louanges).

2. Tu repousses par tes splendeurs (l’ennemi) qui enchaînait le nuage, et tu ornes les régions célestes auxquelles tu rends la sérénité. Puissant par tes œuvres, (tu existes) pour notre salut et non pour notre perte ; et, vainqueur de la magie (des Asouras), tu as mérité que ton nom fût célébré dans le sacrifice.

3. L’Holocauste vient rapidement, gage de justice, de stabilité, de salut : le (dieu) fort et sacrificateur l’embrasse. Il se glisse, il s’étend sur le gazon (sacré), il se mêle aux plantes qui le soutiennent, tendre nourrisson (qui deviendra) mâle, toujours jeune, et immortel.

4. En votre faveur, il attelle ces légers coursiers, ces rayons qui augmentent l’éclat du sacrifice, et qui ne tendent pas à s’élever. D’autres suivent une route supérieure, d’où ils semblent dominer, et (le dieu), tel qu’un archer, lance ces traits renommés jusque sur la voûte (du ciel)[2].

5. Au milieu des (Prières) qui naissent de la pensée, tu reçois le soma qui a coulé sous le pressoir[3] ; tu siéges sur un bûcher glorieux ; (dieu) célébré par des chants, tu brilles entouré de nos prêtres. Ô toi qui donnes la vie, augmente dans le sacrifice l’éclat de tes épouses[4].

6. Tel on voit (l’être divin), tel on le chante. Quelle que soit la forme sous laquelle ils nous apparaissent au moment des libations, que les dieux possèdent pour nous une grande générosité, une large bienfaisance, une force invincible et soutenue par de mâles serviteurs.

7. À l’orient s’avance, précédé de son épouse, le sage Soûrya, prêt à combattre ses ennemis. Que ce (dieu) libéral nous protége, et nous donne une maison brillante et assez forte pour nous défendre.

8. Ô (dieu) qui précèdes la lumière du (soleil) voyageur, et que les Richis ont chanté, tu es honoré par les hymnes du sacrificateur. Quel que soit son désir, il en obtient par ses œuvres (pieuses) l’accomplissement. De son offrande volontaire il retire le plus beau fruit.

9. Que la première (des libations) coule dans le vase qui les contient toutes[5]. Le sacrifice où elle doit être versée ne sera pas perdu. Quand la prière se joint à un cœur pur[6], les vœux de l’homme religieux ne sont jamais trompés.

10. (Honorons donc) ce (dieu) dont la force est suprême et adorable, dont le cœur est bon et indulgent[7]. Obtenons par les prières d’Avatsâra une puissante abondance, que les mérites du sage ne peuvent qu’augmenter encore.

  1. Le commentaire donne aux flammes une triple couleur, rouge, blanche et noire.
  2. Il m’a semblé que ce distique faisait allusion et aux rayons du feu des sacrifices et aux rayons solaires. J’ai pris l’idée d’archer dans la signification de frappant (feriens), que je donne au mot crivi, qui veut dire aussi lac, puits.
  3. Il y avait deux manières d’extraire le jus du soma, ou en pilant la plante dans le mortier, ou en exprimant la liqueur entre deux planches.
  4. J’entends ici les flammes d’Agni. Le commentaire applique le mot pâtnî aux plantes (ochadi) qui alimentent le feu ou qui servent aux libations.
  5. Ce vase s’appelle Samoudram.
  6. Le commentaire entend : unie à un (Dieu) pur, comme le Soleil ou Agni.
  7. Le commentateur trouve dans ce distique le nom de cinq Richis, traduisant ainsi : ce dieu est accessible aux prières de Kchatra, Manasa, Évâvada, Yadjata, Sadhri.