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[Lect. IV.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

2. Sacrifiez le matin aux Aswins, Présentez vos offrandes. Le service du soir n’a pas été négligé. Ainsi, un autre peut honorer (le dieu) que nous invoquons. Mais le plus diligent doit être préféré par lui.

3. À vous, ô Aswins, se présente un char dont la couleur est celle de l’or, tout trempé du miel (des sacrifices), brillant de ghrita, et chargé d’offrandes. Il est rapide comme le vent, comme la pensée. Avec ce char vous passez par toutes les mauvaises voies.

4. L’homme qui au moment du sacrifice donne aux (dieux) véridiques les mets les plus abondants, par ses œuvres sauve son fils. Il doit avoir la supériorité sur ceux qui n’allument pas le feu (sacré).

5. Bienfaisants et merveilleux Aswins, puissions-nous obtenir de vous un secours nouveau ! (Dieux) immortels, apportez-nous l’opulence, le bonheur de la famille, une prospérité complète.


HYMNE XVI.
Aux Aswins, par Saptavadhri, fils d’Atri.
(Mètres : Ouchnih, Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. Ô véridiques Aswins, venez en ces lieux. Ne vous éloignez pas. Tels que deux cygnes, accourez à nos libations.

2. Ô Aswins, tels que deux daims ou deux cerfs blancs, sur le gazon, tels que deux cygnes, accourez à nos libations.

3. Ô Aswins, trésor d’abondance, aimez et désirez notre sacrifice ; tels que deux cygnes, accourez à nos libations.

4. Quand Atri[1] voulut monter vers le foyer (sacré), il vous invoqua et vous pria avec la foi qu’une épouse a dans son époux ; (il disait) : « Ô Aswins, venez avec l’heureuse promptitude de l’épervier. »

5. « Maître des bois (sacrés)[2], sors (de ta prison), comme (l’enfant sort) du sein de sa mère. Ô Aswins, écoutez mon invocation, et délivrez Saptavadhri[3]. »

6. « Le Richi Saptavadhri a peur ; il vous supplie, ô Aswins, d’employer votre puissance magique pour briser le bois (qui le renferme). »

7. « Comme un lac est soulevé de tout côté par le vent, de même ton fruit soit agité[4], ô ma mère ! Qu’il sorte de ce sein qui l’a porté dix mois. »

8. « De même que le vent, la forêt ou la mer sont émus, ainsi tu as été agité. Porté pendant dix mois, sors du sein (de ta mère). »

9. « Le jeune enfant est resté dix mois dans le sein de sa mère : qu’il en sorte vivant et fort. Que le fils et la mère vivent heureusement ! »


HYMNE XVII.
À l’Aurore, par Satyasravas, fils d’Atri.
(Mètre : Pankti.)

1. Ainsi que tu nous as déjà éveillés, ô brillante Aurore, éveille-nous aujourd’hui pour nous combler de biens, à la voix du Vâyya[5] Satyasravas, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).

2. Ô fille du Ciel, ô toi qui t’es levée à la voix de Sounîtha au char étincelant, lève-toi aussi à la voix du puissant Satyasravas, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).

3. Ô fille du Ciel, riche en présents, lève-toi pour nous aujourd’hui, toi qui t’es déjà levée à la voix du puissant Satyasravas, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).

4. Ô riche et brillante (Aurore), ceux qui t’apportent (leur holocauste) et te chantent dans leurs hymnes deviennent fameux, opulents et capables d’être bienfaisants, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).


  1. Atri est ici un nom patronymique : il signifie, le fils d’Atri, ou Saptavadhri, à moins que ce ne soit un surnom d’Agni lui-même. Et nous devons renouveler ici l’observation que nous avons faite plus haut sur les noms des poëtes auxquels ces hymnes sont attribués. Le chant que nous traduisons est inscrit sous le nom de Saptavadhri, et il est évident que ce mot est une épithète d’Agni, renfermé dans l’Aranî et privé de la lumière de ses sept rayons. La légende raconte que Saptavadhri est par son ennemi enfermé et scellé dans un coffre. Il y gémit, et cherche les moyens d’en sortir. Sa femme arrive, et elle est impuissante à le délivrer. Les Aswins sont invoqués ; le prisonnier recouvre sa liberté, et il apparaît avec sa femme au lever de l’aurore. Il faut penser que le poëte, qui portait un surnom d’Agni, a cru devoir dans son hymne rappeler cette légende ; ou bien que le nom du Richi est pour cet hymne le nom du lieu qui y est célébré.
  2. Vanaspati, surnom d’Agni.
  3. Voy. même page, note 1.
  4. Allusion aux mouvements par lesquels le feu est extrait de l’Aranî.
  5. Vâyya est un nom de famille. Voy. section I, lecture iv, hymne viii, stance 6, et section VI, hymne v, stance 12.