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[Lect. III.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.


HYMNE VIII.
À Soma, par Pavitra, fils d’Angiras.
(Mètre : Djagatî.)

1. Ô maître des choses saintes[1], le vase des purifications est préparé. Tu le remplis tout entier ; mais ton corps s’y trouve dépouillé violemment de ses souillures. Il s’y confond avec les Ondes chargées de caillé.

2. Le vase qui contient le brûlant (Soma) est préparé. Les rayons (du dieu) s’étendent avec un rapide éclat sur le foyer de l’être brillant[2]. Ils éclairent le sacrificateur, et s’élancent avec vivacité sous la voûte du ciel.

3. Soma[3] dès le matin allume le feu des Aurores ; il sème (la clarté), et avec force il porte les mondes. Les Pitris[4], gardiens des hommes, l’ont reçu comme nourrisson, et ont développé la merveilleuse magie dont il est l’auteur.

4. Sous la forme du Gandharva[5] (céleste), il occupe une place glorieuse, et veille à la naissance des dieux. Maître puissant, il enchaîne notre ennemi. Les (hommes) pieux sont admis à goûter son miel (savoureux).

5. Ô (Soma), ô toi qui formes l’holocauste, tu te fais de ta tige une espèce de vêtement. Tu apparais dans la demeure du sacrifice, où siégent les dieux. Roi préparé pour le combat, tu montes sur ton char qui est le vase des purifications, et, par les mille voies qui te sont ouvertes, tu vas conquérir pour nous l’abondance.


HYMNE IX.
À Soma, par Pradjapati, fils de Vatch.
(Mètre : Djagatî.)

1. Prudent (Soma), qui répands les Ondes et enivres les dieux, coule pour Indra, Varouna, Vâyou. Accorde-nous aujourd’hui une heureuse opulence. Accueille la race divine dans la vaste demeure (du sacrifice).

2. L’immortel Soma, qui règne dans tous les mondes, vient à nos (cérémonies). Le secourable Indou rassemblant ce qui a été désuni, pareil au soleil, nous donne l’Aurore.

3. Mêlé au (lait) de la vache[6], il s’étend sur les branches (du bûcher). Il veut faire le bonheur des dieux, et, apportant la richesse, il arrive sous la forme d’une rosée brillante pour enivrer Indra et la race divine.

4. Vainqueur de mille (ennemis), Soma se précipite, excitant la grande voix (de la prière) qui s’éveille avec l’Aurore. Indou avec (le bruit) des Vents soulève (l’onde) du Samoudra aimée d’Indra, et siége dans le vase (du sacrifice).

5. Les Vaches (saintes), au milieu des prières, mêlent leur lait à ce Soma qui en augmente le prix et qui produit le bonheur. Ainsi coule, entourée d’offrandes fortunées, (secondée) par l’œuvre des sages, cette liqueur du sacrifice (que donne un dieu) sage et prudent, qui ne triomphe que pour être libéral.


HYMNE X.
À Soma, par Véna, enfant de Bhrigou.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Ô Soma, au bruit de nos louanges coule en l’honneur d’Indra ! que la Maladie, que le Rakchasa soit loin de nous. Que les (hommes) à double voie ne s’enivrent point de ton breuvage. Que ta liqueur soit pour nous une source de biens.

2. Ô (Dieu) pur, donne-nous ta force dans le combat ! Tu es la boisson chérie des dieux. Envoie la mort aux ennemis qui s’approchent. Ô Indra, bois ce soma, et envoie la mort à nos ennemis.

3. Invincible Indou, tu coules pour le bonheur d’Indra, dont tu es le breuvage le plus doux. La foule des sages vient vers toi ; ils saluent le roi du monde.

4. L’admirable Indou a mille voies, mille tor-

  1. L’auteur donne à Soma un des surnoms d’Agni, Brahmanaspati.
  2. Ce distique présente deux fois le génitif divah ; je le fais rapporter la première fois à Agni, comme plus haut ; je lui donne, la seconde fois, le sens de ciel. Cependant je pourrais traduire ce dernier passage en disant aussi que les rayons couvrent le dos du lumineux Agni. Pour bien comprendre la pensée de l’auteur, il faut se rappeler que la libation est jetée sur le foyer ; les matières grasses qu’elle contient excitent l’ardeur du feu ; la flamme qui s’élève éclaire le lien du sacrifice, et illumine le ciel.
  3. Le texte lui donne le nom de Prisni.
  4. Voy. page 347, col. 1, note 3. Ce sont les feux du sacrifice, qui, sous la libation, grandissent merveilleusement.
  5. C’est un nom du soleil. On se rappellera que Soma est une forme d’Agni, lequel réside aussi dans le soleil.
  6. Le texte porte gobhih, que le commentaire traduit par le mot rayons. J’ai donné à ce mot le sens que je suis habitué à lui donner quand il est question de Soma.