Page:Langlois - Rig Véda.djvu/555

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[Lect. I.]
547
RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME

Terre peuvent enlever tous les maux d’ici-bas. (Ô Soubandhou), que jamais aucun mal ne t’arrive !


HYMNE XV.
À la famille des Asamatis[1], par les Gopayanas.
(Mètres : Gâyatrî, Pankti et Anouchtoubh.)

1. Apportons l’offrande, et honorons cette brillante et illustre famille de nobles (héros).

2. Nous honorons cette (race) d’Asamâtis brillante, généreuse et rapide, qui protége la piété.

3. Dans le combat elle terrasse ses ennemis, comme le lion (terrasse) les buffles, qu’ils se présentent en armes ou désarmés.

4. Au sein de leurs œuvres, Ikchwâkou croît en richesses, et triomphe (de ses adversaires). Les cinq espèces d’êtres sont (sous lui heureuses) comme dans le ciel.

5. Ô Indra, affermis les forces de ces Asamâtis aux chars rapides, comme dans le ciel (tu affermis) le soleil pour nos regards.

6. Attelle les chevaux rougeâtres par les soins des fils[2] d’Agastya. Ô roi, triomphe de tous ces avares Panis.

7. (Agni parle). Voici ta mère ; voici ton père ; voici ta vie. Tu peux marcher, ô Soubandhou ; viens, lève-toi.

8. De même qu’avec une corde on lie le joug (d’un char) pour le rendre solide, ainsi l’âme te soutient pour la vie, pour l’existence, pour un heureux développement.

9. De même que la grande Terre soutient ces (arbres) maîtres de la forêt, ainsi l’âme te soutient pour la vie, pour l’existence, pour un heureux développement.

10. Je suis l’âme de Soubandhou, et je viens de la contrée d’Yama, fils de Vivaswân, pour la vie, pour l’existence, pour un heureux développement.

11. C’est en bas que le Vent envoie son souffle, et le Soleil ses rayons ; c’est en bas que coule le lait de la (Vache) immortelle. Qu’en bas également tombe pour toi le mal.

12. Que ma main soit sainte et fortunée ; qu’elle soit remplie de remèdes salutaires ; qu’elle ne touche que pour le bonheur.


HYMNE XVI.
Aux Viswadévas, par Nâbhânédichtha, fils de Manou.
(Mètres : Gâyatrî, Pankti et Anouchtoubh.)

1. Que le (chantre)[3], élevant sa voix, (fasse agréer) à Roudra l’hommage qu’il lui rend aujourd’hui au milieu de cette pieuse assemblée. Les deux pères (du sacrifice) poursuivent leur œuvre. Que le chef de famille, dans ce jour de largesses, ne refuse rien aux sept sacrificateurs.

2. Que Roudra, qui de ses traits terrasse (ses ennemis), vienne dans cette enceinte pour nous protéger et nous combler de ses biens. Que ce (dieu) rapide, à la voix sonore, fasse descendre sur nous son onde secourable.

3. (Ô Aswins), votre âme est émue aux invocations que vous adresse le sage, et vous accourez avec empressement. La main du (prêtre) dirige l’offrande qu’a préparée le généreux sacrificateur.

4. Quand la Nuit se trouve surprise au milieu des vaches rougeâtres, c’est vous que j’invoque, ô Aswins, enfants du Ciel. Entendez-moi ; venez à mon sacrifice, et faites attention aux offrandes que je vous présente.

5. Cependant il s’étend, le (dieu)[4], qui, pour le bonheur des hommes, développe avec force son énergique virilité. Lui-même, invincible (héros), forme et agrandit le sein de sa fille.

6. Alors, entre (le Ciel et la Terre), ils se rapprochent, et le père devient l’époux de sa fille. Ils laissent échapper dans l’air quelques gouttes

  1. Le commentateur suppose que cet hymne est en l’honneur d’Asamâti, fils d’Ikchwâkou. Il me semble que le poëte y célèbre une famille incomparable (Asamâti) de Dévas, de Dieux ou de Rites divinisés.
  2. Ce char attelé par les fils d’Agastya me parait être le sacrifice ; ces chevaux rougeâtres, ce sont les flammes. Le commentaire trouve ici une invocation au roi Asamâti, auquel il donne pour prêtres ces Gopâyanas ou Bandhous, fils d’Agastya.
  3. Le commentateur raconte que le fils de Manou, Nâbhânédichtha (dans les Pourânas Nâbhâganédichtha), privé de sa part dans l’héritage paternel, vient la réclamer dans un sacrifice à Roudra. Toute cette stance est interprétée par le commentateur conformément à cette idée, que je n’ai pas pensé devoir adopter.
  4. Le commentateur hésite, avant de se décider, pour savoir quel est ce dieu. Il lui semble que c’est Roudra. Alors sa fille devait être la Nue, et non l’Aurore. Réflexion faite, je crois que le dieu mentionné dans ce passage est Agni et sa fille, la Lumière ou la Flamme ; ou mieux encore Agni-Soma ou le Sacrifice et la Science sacrée, ou Saraswatî, comme on le voit plus bas. Agni est celui qui me paraît mériter le nom de Vâstochpati. Le texte donne à ce dieu Pradjâpati le nom de Pitri, qui appartient à Agni ; et les Pourânas ont mis cette légende sous le nom de Brahmâ, qui d’abord a été celui d’Agni sacrificateur.