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[Lect. III.]
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RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

des hauteurs de la terre, et tu règnes sur ces mondes.

3. Un fracas a retenti dans le ciel ; l’éclair a brillé. C’est la Sindhou qui s’élance sur la terre avec une force infinie. Telles les eaux jaillissent du nuage avec le bruit du tonnerre ; tel le taureau mugit.

4. Ô Sindhou, (les autres Rivières) viennent à toi et (t’apportent leur tribut), comme les vaches apportent leur lait à leur nourrisson. Quand tu marches à la tête de ces Ondes impétueuses, tu ressembles à un roi belliqueux, qui étend ses deux ailes de bataille.

5. Ô Gangâ, Yamounâ, Saraswatî, Soutoudrî, avec la Parouchnî, écoutez mon hymne. Ô Maroudvridhâ avec l’Asicknî et la Vitasthâ, ô Ardjîkîyâ avec la Souchomâ, entendez-nous[1].

6. Ô Sindhou, tu mêles d’abord tes flots rapides à ceux de la Trichtâmâ, de la Rasa, de la Swétî, de la Coubhâ ; tu entraînes, à mon préjudice, sur le même char que toi, la Gomatî et la Croumou[2].

7. Brillante, impétueuse, invincible, la Sindhou développe ses ondes avec majesté. Douée de mille beautés variées, elle charme les yeux ; elle s’emporte comme une cavale ardente.

8. Jeune et magnifique, superbe et féconde, parée de ses rives fertiles, elle roule ses flots d’or ; elle voit sur ses bords des coursiers excellents, des chars rapides, des troupeaux à la laine soyeuse ; elle répand avec elle un miel abondant.

9. La Sindhou monte sur son char fortuné. Qu’elle accorde à nos prières de nombreux coursiers. C’est par de telles louanges que notre sacrifice recommande sa gloire et sa grandeur.


HYMNE V.
Aux Mortiers (sacrés), Djaratcarna, fils d’Iravan.
(Mètre : Djagatî.)

1. L’offrande commence, et je vous appelle. Honorez Indra, les Marouts, le Ciel et la Terre. Que ces jumeaux qui se suivent, le Jour et la Nuit, nous comblent de leurs biens sans interruption.

2. Versez l’heureuse libation. Le Mortier, sous la main du sacrificateur, est comme un coursier bien dressé. Que l’Arya connaisse votre puissance triomphante, car (le Mortier) ne lance ses chevaux que pour apporter la richesse.

3. Que notre sacrifice se ressente de l’œuvre du Mortier ; qu’il ouvre, comme autrefois, la voie à Manou. (Soma), enfant de Twachtri, s’est mêlé au lait de la vache, et devient un coursier (rapide). Que les (Mortiers) nous l’amènent heureusement dans nos fêtes.

4. Éloignez les Rakchasas aux cris perçants. Écartez Nirriti. Chassez la Pauvreté. Ô Mortiers, donnez-nous l’opulence accompagnée de la force. Faites entendre votre voix en l’honneur des Dieux.

5. Ô prêtre, réjouis (les Dieux) avec (ces Mortiers) qui ont dans leur soma plus de force que le Ciel, plus de rapidité que Vibhou[3], plus de vigueur que Vâyou, plus de fécondité qu’Agni.

6. Que les glorieux Mortiers, avec bruit, avec éclat, nous apportent leur libation dans ces lieux où les prêtres, élevant la voix de l’hymne et poussés à l’envi par un saint empressement, attendent ce lait aussi doux que le miel.

7. Les rapides Mortiers versent le soma ; excités par nos louanges, ils répandent ce jus (précieux). Cependant les ministres du sacrifice, poursuivant leur œuvre, pressent cette mamelle ; ils semblent avec leur bouche bruyante purifier l’holocauste.

8. Ô Mortiers, oui, vous êtes de dignes ministres du sacrifice, vous qui versez le soma en l’honneur d’Indra. Que vos trésors soient pour la race divine ; que vos faveurs soient pour le sacrificateur humain.


HYMNE VI.
Aux Marouts, par Syoumarasni, fils de Bhrigou.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Appelle par ta prière les trésors de cette troupe qui chasse les nuages et entante (la fertilité), non moins puissante que le Sacrifice aux (purs) holocaustes. Pour honorer ces pieux Marouts, je chante et célèbre leur gloire.

  1. Les sept rivières sacrées sont aujourd’hui, dit-on, le Gange, l’Yamounâ, le Sindhou, la Godâvari, la Saraswatî, la Narmadâ et la Câvérî. Ici ce sont le Sindhou, le Gange, l’Yamounâ, la Saraswatî, la Soutoudrî (autrement Satadrou, Setledj), la Maroudvridhâ et l’Ardjikiyâ (rivière du pays de Ridjîka). Les quatre autres doivent être regardées comme des affluents : la Parouchnî de la Soutoudrî, l’Asiknî et la Vitasthâ de la Maroudvridhâ, et la Souchomâ de l’Ardjikiyâ. Le manuscrit du texte ajoute ici une stance qui paraît être une intercalation.
  2. Quelques-unes de ces rivières ont été déjà citées page 291, col. 1, telles que la Rasâ, la Coubhâ et la Croumou, nommée dans cet endroit Cramou.
  3. Je crois que c’est un nom du soleil.