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Lect. VII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

célèbrent le sacrifice et te prennent pour messager. Ô Agni, les Dévas travaillent à ta grandeur, et dans leurs cérémonies ils joignent du beurre (sacré).

8. Ô robuste Agni, les sages, fils de Vasichtha, t’invoquent dans leurs chants au milieu des sacrifices. Conserve parmi nos enfants la brillante richesse. Et vous, secondez-nous toujours de vos bénédictions[1].


HYMNE IV.
Aux nuages, sous le nom de Véna[2], par Véna, fils de Bhrigou.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. L’amant (des Ondes) presse ces (épouses) nées au sein de Prisni[3] ; il éteint la lumière dans les espaces de l’air. Les sages semblent caresser de leurs prières ce nourrisson du Soleil[4], enveloppé des Ondes.

2. L’amoureux Véna, enfant de l’Air, tire ses flots des fleuves de la mer (céleste). Il présente son (large) dos à notre vue. Il brille au séjour supérieur de Rita[5], et ses compagnes font retentir de leurs clameurs le sein qui les renferme toutes.

3. Dans ce sein qui les renferme, ces (Vaches) fécondes mugissent près du veau qu’elles ont produit[6] ; et, dans ce séjour élevé de Rita, elles vont, en grondant, le couvrir, avec leur langue caressante, d’une douce ambroisie.

4. Les sages, en voyant cette (grande) forme, ont fait entendre leurs chants. Ils sont accourus à la voix du sauvage sanglier (des cieux). Ils ont avec Rita fait couler les ondes (du sacrifice), et le Gandharwa[7] a reçu les honneurs immortels.

5. La (brillante) Apsarâ (qui glisse sur les ondes)[8] s’approche de son amant, et le porte jusqu’au haut du ciel. Elle pénètre dans la demeure de son ami, et Yéna s’assied sur son aile d’or.

6. Quand ceux qui te désirent te voient voler dans le ciel sur ton aile d’or, ils (reconnaissent) le messager de Varouna, l’oiseau qui porte (la pluie) au sein d’Yama[9].

7. Le Gandharwa s’élève dans le ciel, et se présente, couvert de sa brillante armure. Il a, comme un soleil, revêtu une forme resplendissante, et mérité nos plus chers hommages.

8. Cependant l’astre du jour, entouré de vapeurs, entre dans l’océan (céleste). Son œil de vautour pénètre cette profonde épaisseur (de l’air) ; il rappelle ses pures splendeurs, et accomplit sa mission dans (le ciel), le troisième des mondes.


HYMNE V.
À Agni. — Richi : Agni.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. (Le poëte parle.) Ô Agni, viens à notre sacrifice, dont le char a cinq[10] coursiers, trois[11] roues, sept[12] guides. Marche devant nous ; reçois les holocaustes dans ta bouche, et dissipe les épaisses ténèbres.

2. (Agni parle.) J’ai vu les projets de l’impie : je me rends dans le foyer, et j’aspire à l’immortalité. Quand, pour être tourmenté, je quitte mon repos bienheureux, quand j’entre au sein de l’Aranî, c’est par amitié pour toi.

3. En voyant cet (oiseau) qui hante un autre arbre que moi, je prépare les nombreuses demeures de Rita. Je chante la gloire de ce père céleste) qui répand la vie ; je viens réclamer contre l’impie la part d’hommages qui m’est due.

4. Longtemps j’habite ce foyer en honorant Indra. Quand je renonce à (la vue) du père (céleste), Agni, Soma, Varouna sont renversés de leur trône. Je reviens, et ce royaume m’est rendu.

5. Les Asouras ont été dépouillés de leur magie. Et toi, Varouna, tu me désires. Ô roi.

  1. Refrain final des hymnes de Vasichtha. Voy. section V, lecture i, hymne xv, st. 25, et alibi.
  2. Ce mot signifie amant. Le Nuage est l’amant des Ondes.
  3. Le commentaire dit que Prisni est le Soleil. Je crois que c’est la mère des Marouts, c’est-à-dire le nuage sous une forme féminine.
  4. Le Soleil, avec les eaux qu’il pompe, semble nourrir le nuage.
  5. Le commentaire donne à ce mot Rita le sens d’eau. Je pense que Rita est plutôt le feu Twachtri, qui habite l’air.
  6. C’est Agni Vêdyouta, ou Twachtri.
  7. C’est-à-dire : le Nuage.
  8. Ces mots sont la traduction du mot Apsarâ ou Apsaras. Le poëte donne ici ce nom à la Lueur de l’éclair.
  9. Dans cet Yama le commentaire reconnaît le personnage d’Agni Vêdyouta. Je maintiendrais à Yama son caractère : c’est la Mort, au sein de laquelle le Nuage envoie la pluie, pour revivifier la nature.
  10. Le poëte fait allusion, dit le commentaire, ou à cinq espèces de prêtres, ou à cinq espèces d’offrandes, ou plutôt aux cinq espèces d’êtres animés.
  11. Les trois savanas, ou les trois espèces d’offrandes, paka, havis, soma.
  12. Les sept prêtres, ou les sept espèces de mètres.