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[Lect. VII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.


HYMNE VIII.
À la Nuit, par Cousica, fils de Sobhari, ou Soutara, fils de Bharadwadja.
(Mètre : Gâyatrî[1].)

1. La Nuit divine arrive ; elle jette ses yeux de tous côtés, et dévoile toutes ses richesses.

2. L’immortelle déesse a rempli les régions supérieure[2] et inférieure de l’air ; la Lumière tue les Ténèbres.

3. La déesse en arrivant appelle l’Aurore sa sœur. Les Ténèbres se sont dissipées.

4. C’est elle aujourd’hui qui nous fournit un abri, comme l’arbre (fournit) un refuge à l’oiseau.

5. Les hommes, les animaux, les oiseaux, les éperviers, les chevaux, ont trouvé en elle cet abri.

6. Ô Nuit éloigne le loup et sa compagne. Éloigne le brigand. Fais-nous traverser heureusement (la vie).

7. D’épaisses et noires ténèbres se sont étendues autour de moi. Aurore, que ton bienfait soit de les dissiper.

8. Ô Nuit, fille du Ciel, j’ai immolé en ton honneur les Vaches (de la louange). Accueille ma prière comme (un holocauste), et donne-moi la victoire.


HYMNE IX.
Aux Viswadévas. — Richi : Havya, fils d’Angiras.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. (Havya, ou l’Holocauste personnifié, parle.) Ô Agni, nous voulons au milieu de nos invocations faire briller ta splendeur. Nous voulons allumer tes feux et orner ton corps. Que les quatre régions du ciel s’inclinent devant moi. Sous ton commandement, que nous vainquions les armées.

2. Qu’à mon appel arrivent tous les dieux, Indra avec les Marouts, Vichnou, Agni. Que pour moi l’Air s’étende. Que le Vent souffle pour remplir mon vœu.

3. Qu’en moi les Dieux donnent la richesse. Qu’en moi soit leur bénédiction et l’accomplissement des vœux qu’on leur adresse. Que les divins et antiques sacrificateurs se montrent généreux. Que nos corps soient vigoureux ; que nos enfants soient des héros.

4. Que par moi les prêtres offrent l’holocauste. Que mon intention soit bonne. Que le péché ne me souille jamais. Ô Dieux, accordez-nous votre suffrage.

5. Ô grandes Déesses, que nous adorons au nombre de six[3], donnez-nous la force. Ô Dieux, faites de nous des héros. Que nos enfants soient sains et saufs ; que nos corps soient bien portants, ô royal Soma !

6. Ô Agni, invincible gardien qui déjoues la colère de nos adversaires, conserve-nous. Qu’ils s’avancent en menaçant, et que par toi leur haine soit confondue.

7. (J’honore) le Dieu sauveur et victorieux qui est le maître puissant des maîtres du monde. Que les deux Aswins, que Vrihaspati et tous les Dieux défendent contre la misère le serviteur qui leur présente ce sacrifice.

8. Que le (Dieu) grand et magnifique que tous (les mortels) implorent, et qui étend au loin (son empire), accorde sa protection à notre prière. Indra, (surnommé) Haryaswa, sauve nos enfants. Ne nous fais aucun mal ; ne nous livre point (à l’ennemi).

9. Que nos adversaires soient dissipés. Ô Indra et Agni, frappez-les. Que les Vasous, les Roudras, les Adityas, fassent de moi un maître redoutable, un chef vigilant et invincible[4].


HYMNE X.
L’Âme suprême (Parâtma)[5]. — Richi : Pradjapati.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Rien n’existait alors, ni visible, ni invisible[6]. Point de région supérieure ; point d’air ; point de ciel. Où était cette enveloppe (du monde) ? dans quel lit se trouvait contenue l’onde ? Où étaient ces profondeurs impénétrables (de l’air) ?

2. Il n’y avait point de mort, point d’immortalité. Rien n’annonçait le jour ni la nuit. Lui seul respirait, ne formant aucun souffle, renfermé en lui-même. Il n’existait que lui.

3. Au commencement les ténèbres étaient en-

  1. Le manuscrit du texte renferme ici un long passage interpolé.
  2. Le poëte célèbre la Nuit, qui finit aux lueurs de l’Aurore.
  3. Le commentaire dit que ce sont le Ciel, la Terre, le Jour, la Nuit, les Eaux, les Plantes.
  4. Le manuscrit du texte ajoute à cet hymne un distique de plus.
  5. Ce titre est donné par le commentaire.
  6. Il n’y avait ni sat, ni asat. Plus bas, je rendrai cette idée par l’être apparent et l’être réel.