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ces dépôts et ces fonds. Nous avons dit : pas de documents, pas d’histoire. Mais pas de bons inventaires descriptifs des dépôts de documents, cela équivaut, en pratique, à l’impossibilité de connaître l’existence des documents autrement que par hasard. Disons donc que les progrès de l’histoire dépendent en grande partie des progrès de l’inventaire général des documents historiques, qui est encore aujourd’hui fragmentaire et imparfait. — Aussi bien, tout le monde est d’accord sur ce point. Le P. Bernard de Montfaucon considérait sa Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova, un recueil de catalogues de bibliothèques, comme « l’ouvrage le plus utile et le plus intéressant qu’il eût fait en sa vie[1] ». « Dans l’état actuel de la science, écrivait E. Renan en 1848[2], il n’y a pas de travail plus urgent qu’un catalogue critique des diverses manuscrits des diverses bibliothèques… Voilà, en apparence, une besogne bien humble ;… et pourtant les recherches érudites seront entravées et incomplètes jusqu’à ce que ce travail soit fait d’une manière définitive. » « Nous aurions de meilleurs livres sur notre ancienne littérature, dit M. P. Meyer[3], si les prédécesseurs de M. Delisle [comme administrateur de la Bibliothèque nationale de Paris] avaient apporté la même ardeur et la même diligence à inventorier les richesses confiées à leurs soins. »

Il importe d’indiquer, en peu de mots, les causes et de préciser les conséquences d’une situation que l’on déplore depuis qu’il y a des érudits, et qui s’améliore, mais lentement.

  1. Voir son autobibliographie, publiée par E. de Broglie, Bernard de Montfaucon et les Bernardins, II (Paris, 1891, in-8), p. 323.
  2. E. Renan, L’Avenir de la science, p. 217.
  3. Romania, XXI (1892), p. 625.