Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/48

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ques générales… Un très grand nombre de branches d’études pourraient être ainsi cultivées d’une façon toute privée, et dans les endroits les plus retirés[1]. » Sans doute ; mais il y a « des raretés, des spécialités, des recherches qui exigent de puissants outillages ». Une moitié de l’œuvre historique peut se faire, désormais, il est vrai, par le travail de cabinet, avec des ressources restreintes, mais une moitié seulement ; l’autre moitié suppose encore la mise à contribution des ressources, en répertoires et en documents, qu’offrent seuls les grands centres d’étude ; souvent même, il est nécessaire de visiter successivement plusieurs grands centres d’étude. Bref, il en est de l’histoire comme de la géographie ; sur certaines parties de la terre, on possède des documents assez complets et assez bien classés, dans des publications maniables, pour que l’on puisse en raisonner utilement, au coin du feu, sans se déranger ; tandis que la moindre monographie d’une région inexplorée ou mal explorée suppose une exertion de forces physiques et une dépense de temps considérables. Choisir un sujet d’études, comme il arrive souvent, sans s’être rendu compte de la nature et de l’étendue des recherches préliminaires qu’il comporte, est un danger : plusieurs se sont noyés pendant des années dans de pareilles recherches qui auraient été capables de s’employer mieux à des travaux d’une autre espèce. Contre ce danger, d’autant plus redoutable pour les novices qu’ils sont plus actifs et plus zélés, l’examen des conditions actuelles de l’Heuristique en général, et des notions positives de Bibliographie historique sont certainement salutaires.

  1. E. Renan, Feuilles détachées (Paris, 1892, in-8), p. 96 et suiv.