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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/104

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ne devance pas ce terme, nous serons obligés, conformément aux conventions, de remettre le jeune Capet aux chefs royalistes[1]. » Une note confidentielle adressée à Guezno, commissaire de la Convention, par plusieurs membres du Comité de salut public, en date du 18 prairial et interceptée le 10 juin par les royalistes, près de Château-Giron, est conçue dans le même sens : « le moment approche où, d’après l’article deuxième du traité secret, il faut leur présenter un fantôme de monarchie et leur montrer ce bambin pour lequel ils se battent[2]… »

Si l’on voulait discuter l’authenticité et la valeur de ces pièces, on serait forcé de reconnaître la portée et la signification d’un incident relaté au Moniteur dans le compte rendu de la séance des Cinq-Cents, du

  1. Ce témoignage (qui implique l’existence de Louis XVII après le 8 juin) a été publié par Peuchet, qui ajoute, en son nom personnel, l’affirmation que l’engagement de remettre les enfants royaux aux Vendéens, fut « en effet pris et accepté par le Comité de salut public ». Peuchet qui fut, on le sait, archiviste de la police, était nécessairement bien renseigné.
  2. Dans cette lettre adressée à Guezno, il est intéressant de signaler cette phrase : « Boissy adopte toutes les mesures, il en sent l’urgence. » — Boissy d’Anglas n’était pas à cette époque et ne fut jamais une personnalité de premier plan. La précaution d’avertir que les mesures de trahison contre la Vendée sont approuvées par Boissy, ne se comprendrait en aucune façon, si elle n’avait pas pour but d’indiquer aux initiés que le plan était concerté avec le comte de Provence, dont le susdit Boissy était notoirement un des représentants auprès des Comités de gouvernement. Les mesures ordonnées consistaient à violer l’armistice et à reprendre les hostilités. À cette même époque, Boissy d’Anglas écrivait au comte de Provence : « J’ai quelque raison de croire que ce qui se machine, vous mène à la couronne de France. » Tout cela concorde remarquablement.