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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/111

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    ces Mémoires est le baron de Lamothe-Langon. Ce serait, à bien considérer les choses, une raison de la croire authentique, attendu que Lamothe-Langon, qui eut certainement à sa disposition un grand nombre de documents provenant de Napoléon, en eut en outre, provenant d’une autre source très sérieuse, ayant été lui-même secrétaire de Cambacérès, qui fut incontestablement un des hommes les mieux informés sur les faits de cette période. — Il paraît d’ailleurs que l’original de cette lettre se trouve aux archives secrètes du ministère des Affaires étrangères. Il est tout à fait impossible d’en douter, si l’on fait attention à ceci : Jules Favre en a produit le texte dans sa plaidoirie devant la Cour d’appel en 1874. Or, il a fait, à propos de cette plaidoirie, la déclaration suivante, certifiée par le comte d’Hérisson et par M. Alfred Naquet : « Ma conviction est fondée sur des pièces que j’ai vues lorsque j’ai passé aux Affaires étrangères et dont il m’est impossible de me servir. » On comprend qu’il n’ait pas pu dire : « J’ai vu cette lettre », mais il est clair qu’il se serait abstenu d’en parler, si l’examen du dossier ne lui eût pas donné la certitude de son authenticité. Enfin, il existe une autre lettre de Charette, que le comte de Provence a fait publier comme réponse à une lettre de lui, avec des explications évidemment fantaisistes et probablement avec quelques additions, qui ne se trouvent pas dans le texte donné par Beauchamp (Hist. de Louis XVIII, t. Ier, p. 132). Cette lettre n’a de sens que comme réponse à des observations reçues à la suite de la première : — « Peut-être, Monseigneur, a-t-on essayé de dénaturer à vos yeux quelques-unes de mes démarches ; peut-être ont-elle reçu une interprétation étrangère à leur vrai motif ? Mais si je rentre en moi-même, je retrouve au fond de mon cœur cet honneur ineffaçable des vieux chevaliers français ; j’y retrouve en caractère de feu, cet attachement inaltérable que j’ai voué à l’illustre sang des Bourbons. Fort de ma conscience, je dirai à mes censeurs : politiques profonds, vous qui n’avez jamais connu les lois de la nécessité et qui jugez sur les apparences, venez apprendre les circonstances qui m’ont déterminé, ainsi que mes braves compagnons d’armes ; venez peser l’avantage qui peut en résulter pour nos succès ultérieurs. Au camp de Belleville, 18 juin 1795. »