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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/117

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C’était peut-être un signal convenu ; c’était, dans tous les cas, un appel qui pouvait provoquer un mouvement décisif en faveur de la solution secrètement stipulée et sincèrement, sans doute, désirée de beaucoup. Mais cela ne faisait pas l’affaire de tout le monde. On voit alors un homme courir de groupe en groupe, en faisant des gestes d’autorité et de conciliation. Vive la paix, s’écrie-t-il. Vive la paix, répètent les représentants, en agitant un drapeau tricolore. Vive la paix, répètent à leur tour les officiers et les soldats des deux partis.

Cet homme si prompt et si habile à couper une manifestation royaliste, n’était autre que l’ordonnateur même de la fête : un jacobin endurci, croirait-on ? Non, mais un échappé de la guillotine révolutionnaire ; c’était Bureau de La Batardière en personne. Sa présence en ce lieu et dans ces fonctions, son intervention dans cet incident, fournissent un détail épisodique qui garde un relief singulier dans l’ensemble mouvementé du tableau.

On ne crie plus : Vive le Roi ! Mais les cris de : Vive Charette ! persistent et saluent partout le passage du cortège qui parcourt les places et les principales rues de Nantes. Charette répond du geste, profondément ému de ces acclamations, ainsi que des attentions que lui marque Canclaux. En passant sur la place du Bouffay, place des exécutions, il se découvre devant le lieu où tant de royalistes sont morts pour leur foi. Canclaux et, à son exemple, Beaupuy et les états-majors se découvrent comme lui.

La journée s’acheva par des banquets où les ennemis de la veille se réunirent pour fraterniser. Charette