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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/120

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bres du Comité de salut public, avaient fait preuve, dans le choix de leurs mandataires, d’une rare maladresse ; qu’en les laissant aller jusqu’au bout dans la voie qu’ils suivaient, ils firent preuve d’une négligence allant jusqu’à l’imbécillité ; qu’en ne les punissant pas, en ne les désavouant même pas, ils firent preuve d’une débonnaireté sans excuse.

Il faudrait dire que tout fut conduit en sens inverse du but que l’on poursuivait.

Mais il n’y eut dans tout cela ni écarts, ni accidents ; car des écarts et des accidents brisent toute unité de direction, et ici tout se poursuit avec un enchaînement parfait ; tous les actes ; le choix des délégués négociateurs, des commissaires aux armées, des généraux, les agissements des uns et des autres, le toast porté au dîner des Rois, l’entrée de Charette à Nantes, marquent évidemment l’exécution exacte et progressive d’un plan méthodiquement tracé.

Il est bien certain que ce plan n’était, dans son ensemble, ni approuvé, ni connu du souverain nominal, la Convention ; mais il est manifeste qu’il avait été intentionnellement arrêté par les membres des Comités, entre les mains desquels était le pouvoir effectif.

Pour rendre compte de cette négociation à la Convention, on crut indispensable d’user de quelques précautions. On chercha d’abord à gagner du temps. Ce fut seulement dans la séance du 24 ventôse (14 mars) que les délégués firent leur rapport. Ils ne communiquèrent d’abord que la déclaration des chefs vendéens — ce qui constatait le succès matériel de leur négociation ; — mais ils évitèrent de faire connaître à quelles conditions ce succès avait été obtenu.