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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/126

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Cela n’avançait pas beaucoup les choses, car l’initiative si délibérément prise par ce baron de fraîche date, improvisé major général par Puisaye, sans antécédents bien connus ni bien rassurants, étranger au pays et toujours tenu quelque peu en suspicion, était loin d’avoir une grande force d’entraînement. On n’en était à vrai dire, qu’au prologue, destiné par les metteurs en scène, à tâter les dispositions individuelles et à sonder le caractère particulier de chacun de ceux pour qui allait être donnée la grande pièce, exactement calquée, pour l’intrigue et pour le plan, sur celle qui se jouait en même temps à Nantes. La distribution des rôles seule différait. L’emploi de Mme Gasnier était tenu par la vicomtesse Turpin de Crissé et celui de Bureau de La Batardière, par M. Le Deist de Botidoux.

On connaît ce mot d’un personnage célèbre qui, interrogé sur la manière dont il avait passé le temps de la Révolution, répondait avec une certaine fierté, comme d’un tour de force accompli : « j’ai vécu ! » Bon nombre de gens auraient pu se vanter d’une adresse bien supérieure et dire « j’en ai vécu ». Le Deist de Botidoux paraît, comme Bureau de La Batardière, avoir appartenu à cette dernière catégorie.

Fils d’un contrôleur de la chancellerie près le Parlement de Bretagne, il s’était fait élire par la sénéchaussée de Ploërmel, député suppléant aux États-Généraux. Au 14 juillet, il se joignit « volontairement » à la délégation chargée d’obtenir du marquis de Launay, l’admission dans la Bastille, des troupes de la Milice parisienne. Le lendemain, il y revint, avec un ordre du marquis de La Salle, et le titre de son