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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/130

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étaient généralement très mal vus dans le parti. Cadoudal et d’Allègre s’en montraient particulièrement très irrités. Pour répondre à leurs reproches, Cormatin avait exhibé des pleins-pouvoirs de Puisaye : on eut le soupçon qu’ils étaient faux, et ils l’étaient en effet. D’Allègre fut envoyé à Londres pour éclaircir ce fait[1].

Cormatin alors avait pris un grand parti ; il avait lancé sa proclamation pour préparer les esprits dans le sens des négociations. Puis il s’était mis en route, sous le prétexte de remettre à Canclaux la lettre de Puisaye, dont il savait qu’un double se trouvait depuis plusieurs semaines entre les mains de Boursault[2].

Le véritable but de son voyage était double. Il voulait d’abord essayer de faire pression sur les chefs du Bas-Maine, et Humbert l’accompagnait à cet effet ; mais les royalistes lui avaient imposé un autre compagnon, Solilhac, chargé de le surveiller et aussi sans doute de faire connaître partout la ligne de conduite généralement adoptée par la Bretagne. Aussi les divers commandants royalistes lui refusèrent-ils l’accès de leurs arrondissements. Le second projet qu’il poursuivait était de se mêler aux négociations de La

  1. Il est très singulier, ces faits d’abus de mandat et de supposition de pouvoirs ne pouvant être mis en doute, que Puisaye se soit cru obligé de défendre Cormatin contre les reproches auxquels sa conduite a donné lieu. Cette préoccupation peut se rapporter à ce qui a été signalé plus haut, à propos des Mémoires de Puisaye. Mais relativement à ce cas spécial, il y aurait peut-être une recherche intéressante à faire.
  2. Il a été question plus haut, p. 67, de ce qui se rapporte à cette proclamation et à la lettre de Puisaye à Canclaux.