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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/153

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Tout cela se faisait assez publiquement. Le Comité de salut public ne pouvait l’ignorer. Il avait d’ailleurs obtenu des détails assez précis de Prigent, acheté par Boursault[1] et d’un officier royaliste, Du Reste, qui avait fait des révélations à Bruc et lui avait annoncé qu’au printemps « on jouerait le grand coup ».

Au commencement de juin 1795, les approvisionnements accumulés à Southampton et à Portsmouth étaient embarqués et les flottes de transport et d’escorte étaient prêtes à prendre la mer.

Le matériel fourni par le gouvernement anglais était énorme ; quatre-vingt mille fusils, cent cinquante mille paires de souliers, des effets d’habillement et d’équipement pour soixante mille hommes, des magasins de toute espèce, des provisions de bouche à profusion, des munitions de guerre en abondance, un trésor considérable en or, sans compter une masse d’assignats, dont une partie se composait d’assignats faux, que l’ancien intendant des finances, Calonne, faisait fabriquer à Londres, sous la direction de son frère, l’abbé de Calonne[2]. Tous ces magasins étaient

  1. Puisaye, suivant un parti pris systématique d’indulgence, dicté sans doute par des considérations personnelles, défend Prigent, comme on le verra atténuer les torts de Cormatin. Le double jeu attribué à Prigent ne paraît pouvoir être mis en doute.
  2. Puisaye, dans ses Mémoires, expose avec détails, les motifs et les dispositions de cette émission d’assignats. Les motifs sont assez bien résumés dans le préambule suivant :
    « De par le Roi, — extrait du Conseil militaire de l’armée catholique et royale de Bretagne, du 20 novembre 1794 : — Le Conseil militaire de l’Armée Catholique et Royale de Bretagne, autorisé par Mgr comte d’Artois, lieutenant général du Royaume, en vertu des pouvoirs à lui confiés par Monsieur, Régent de France ; pénétré de la nécessité de pourvoir, d’une manière efficace