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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/177

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lais donner à cette fête, ne relâchât la discipline de ses troupes ! Il me dit qu’il m’avait mal entendu et qu’il croyait que mon intention était que cette cérémonie se fit dans les quartiers respectifs. Cependant il n’avait pas été question de Louis XVIII à la messe de Carnac ; les autres régiments avaient bien pris la cocarde blanche ; mais le sien avait gardé la noire, qu’il conserva encore plusieurs jours[1] ; et il me donna en tout de si mauvaises excuses, que je commençai à me repentir de la manière dont j’avais écrit sur son compte à M. Windham[2]. »


Deux choses sont à retenir dans ce récit : que la proclamation de Louis XVIII, loin d’être accueillie avec enthousiasme, avait provoqué des murmures ; et que ce fut la question de la proclamation du roi qui avait donné lieu à cette singulière scission des corps chouans et des troupes soldées et de leurs officiers, allant assister, chacun de leur côté, à des services séparés, non pour prier suivant des rites différents, mais pour formuler des prières dont l’objet n’était pas le même.

C’était un schisme qui se déclarait ; non pas un schisme religieux, mais un schisme monarchique.

Seulement, — ce qui paraîtra au premier abord incroyable et ce dont pourtant on ne pourra douter lors-

  1. C’est-à-dire sans doute que la cocarde noire était la cocarde neutre, qui devait être remplacée par la blanche, le jour où les troupes à la solde anglaise entreraient effectivement comme auxiliaires dans l’armée royale. D’Hervilly manifestait donc son intention de réserver son concours.
  2. Mémoires de Puisaye, Londres, 1803, t. 6, p. 202. — On voit que la discussion dont parle Vauban porta sur autre chose que sur la distribution des armes.