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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/179

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lui offrir, comme gage de repentir et de soumission sans retour possible, cet énorme, mais utile mensonge, qui tendait à effacer jusqu’à la trace d’une contestation ou d’une hésitation passagère sur son droit au titre royal.

Le prétendant accepta le bénéfice du mensonge et en profita largement, mais ne voulut en savoir aucun gré à son auteur, parce que, évidemment, pour lui, très exactement renseigné, ce n’était qu’une explication forcée, du double jeu très perfide pratiqué contre lui par Puisaye, au moment du débarquement.

On lit parfaitement entre les lignes ce qui se passa.

Le conflit entre les partisans de Louis XVIII et les défenseurs de Louis XVII grondait sourdement, comme une terrible menace d’orage. Mais l’orage n’avait pas éclaté. La politique prescrite à d’Hervilly, qui était l’homme de Louis XVIII, consistait à temporiser pour en retarder l’explosion, qu’on se flattait de conjurer ensuite par des moyens puissants. Tout naturellement, Puisaye crut urgent de la provoquer, sûr, d’après les dispositions connues de ses Bretons, qu’elle tournerait au profit de Louis XVII, auquel l’attachaient ses sympathies peut-être, en tout cas ses intérêts de chef de parti.

C’est dans cet esprit qu’il avait commandé une cérémonie solennelle et avait pris ses dispositions pour que Louis XVIII fut proclamé (il n’ose pas dire par lui-même). Si la froideur et les murmures avaient accueilli cette proclamation, au lieu de l’enthousiasme attendu, il pouvait en tirer les conséquences utiles pour ses projets actuels, tout en se réservant la possibilité de dire, le cas échéant, qu’il avait fait tout ce