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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/26

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La masse était restée profondément attachée aux institutions monarchiques, dont le maintien avait été inscrit en tête de tous les cahiers, comme la base intangible des réformes désirées et comme la condition fondamentale des mandats donnés aux députés.

En dépit des efforts tentés pour accréditer une légende contraire, les historiens sérieux, ceux même de l’école nettement révolutionnaire qui ont le courage de leur opinion et dont les écrits sont destinés à subir le jugement de la postérité, l’avouent à toutes les pages.

Michelet, — pour citer l’un des plus grands, — fait en quelques traits d’une vigueur magistrale, un tableau frappant de cette situation en 93, à l’époque de la plus grande effervescence révolutionnaire, quand il déplore l’attitude du parti girondin « encourageant par ses résistances éloquentes, la résistance muette et l’inertie calculée des administrations de départements, qui entravaient toute chose… », et l’aveuglement de « ces excellents républicains, restés nets, purs et loyaux, qui s’obstinèrent à ne pas voir… que leur parti se royalisait… Ils croyaient Lyon girondin, dans leur fuite en juin, juillet, ils le trouvèrent royaliste. Il en fut de même de la Normandie, de même encore de Bordeaux. Ils se virent avec étonnement, avec horreur et désespoir l’instrument du royalisme[1] ».

Taine, plus froid et plus vigoureux analyste des documents historiques, fait un tableau plus précis de l’opinion en 94 : « À l’autre bout de Paris, dans la

  1. Michelet. — Histoire de la Révolution française, p. 1306.