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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/263

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un enthousiasme extraordinaire, qui fit éclater dans son armée des applaudissements qui se répétèrent jusque dans les campements les plus éloignés. Ne serait-ce point parce que cette apparition mettait fin à une certaine inquiétude et à un malaise général, causés par son attitude des jours précédents ?

Lui, au milieu de ces manifestations de confiance et d’ardeur guerrière, restait sombre et soucieux. On croira difficilement que ce fut uniquement « parce que le ciel demeurait pur et que la nuit risquait de ne pas être assez sombre pour couvrir sa marche[1] ».

Il s’agissait d’une surprise, et le plan en était basé sur la connivence de trois traîtres, car on ne peut donner d’autre nom à des hommes qui, librement enrôlés, passent d’un camp à un autre pour vendre les secrets que la confiance leur a permis de connaître. Un ancien marin de Dieppe, Gougeon (dit David) ancien prisonnier sur les pontons anglais, engagé dans le régiment de Royal-Louis, et canonnier au fort Penthièvre, était venu offrir de guider les républicains par le chemin qu’il avait suivi lui-même pour déserter, en longeant la côte de l’Ouest du côté de la Grande-Mer. Deux anciens sergents-majors du régiment de la Reine, Litté et Mauvage, qui s’étaient rangés du côté des royalistes, au moment de la prise de la presqu’île, avaient offert aussi leurs services et promis de livrer le mot d’ordre. On les récompensa après l’affaire. Ils reçurent des épaulettes d’officier[2],

  1. Chassin, Hoche à Quiberon, p. 123.
  2. Litté et Mauvage furent nommés capitaines ; David fut nommé sous-lieutenant de cavalerie.