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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/28

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l’exagération. Le crime le plus irrémissible était celui d’aspirer au rétablissement de la tyrannie : c’était celui dont on accusait ceux que l’on voulait perdre. Mais pour qu’il fût possible d’en faire la base inusable d’accusations indéfiniment répétées, il fallait bien que la vraisemblance résultât de l’état général de l’opinion.

Et la vérité est qu’aux yeux même des hommes qui s’étaient jetés avec le plus de fougue et de fureur dans le mouvement de destruction, la fin inévitable de l’orgie révolutionnaire n’apparaissait que sous la forme d’une restauration monarchique. La vérité est que chacun de ceux que la lutte des partis avait élevés momentanément à une situation prépondérante, avait cherché la consolidation de sa fortune dans des combinaisons anti-républicaines.

Il est bien certain que Cambon ne trompait pas la Convention quand, dans la séance du 13 juillet, il affirmait que « la journée du 31 mai 93, n’avait été dans son principe qu’un mouvement contre-révolutionnaire, préparé dans les conciliabules de Charenton par Danton, Robespierre, Pache et autres, dans le but de rétablir le petit Capet sur le trône[1] ».

Il est bien certain que l’échec de cette tentative n’avait pas découragé quelques-uns de ceux qui y avaient pris part ; et que la mission de Maret et de Semonville, en août suivant, si étrangement entravée par un acte de violence de l’Autriche, avait pour but réel des négociations royalistes avec les cours de Toscane et de Naples. Mounier, ami intime de Semonville

  1. Les débats ne laissent aucun doute sur la réalité de cette conspiration. Michelet en parle dans des termes qui indiquent que la chose ne lui paraît pas niable.