Aller au contenu

Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

À ne consulter que les documents officiels qui subsistent, il semblerait que les choses se soient ainsi passées. Mais tout ce qui se rapporte à cette affaire des exécutions de Quiberon a été tellement truqué, que c’est en dehors des documents officiels qu’il faut chercher les éléments propres à rétablir la vérité.

D’après plusieurs relations émanant de témoins contemporains, d’après une tradition constante et précise qui s’est conservée dans le pays, il y eut en effet une première commission présidée, dit-on, par un chef de bataillon de la 72e demi-brigade, nommé Laprade, qui se déclara incompétente et refusa de juger. M. de Closmadeuc, M. Chassin, croient pouvoir assurer, d’après les recherches par eux faites dans les archives du Morbihan et dans celles du ministère de la Guerre, que l’existence de cette première commission et le nom de son président sont purement imaginaires. M. Chassin affirme même qu’il n’y avait, à ce moment, dans l’armée de l’Ouest, aucun officier du nom de Laprade, mais seulement un nommé Lalène dit Laprade, qui, précisément, fut président de celle des commissions qui prononça le plus grand nombre de condamnations à mort ; d’où prétexte facile à s’égayer sur la légende du bon Laprade. Il faudra rabattre de cette gaîté.

Car, d’abord, s’il y a eu confusion sur le nom, cette confusion résulterait de ce fait — attesté par des déclarations irrécusables, — que ce Lalène dit Laprade, quoique obligé de présider une commission qui fit preuve de sévérité, laissa voir qu’il remplissait à contrecœur la tâche qu’il n’avait pas osé décliner et s’em-