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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/355

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Pour se conformer à cette nécessité politique, les efforts du comte d’Artois devaient se tourner à prolonger autant que possible les délais d’embarquement, car il s’en fallait de beaucoup que les choses fussent arrivées au point pour le succès des desseins concertés entre lui et son ambitieux frère, le Régent.

En Bretagne, la catastrophe de Quiberon, si désastreuse qu’elle fût, n’avait ni abattu la confiance de Puisaye, ni brisé irréparablement la force de résistance à la République. Mais les germes de discorde et de confusion jetés par les intrigues du Régent, s’étaient développés avec d’autant plus de force qu’on ne cessait de les entretenir.

Des survivants recueillis par l’escadre anglaise, un certain nombre fut immédiatement transporté en Angleterre, principalement les blessés, parmi lesquels était d’Hervilly, qui, ramené par les sévères méditations qu’inspire l’approche de la mort, à une juste appréciation des choses, déplora amèrement le rôle néfaste qu’il s’était laissé entraîner à jouer et se fit un devoir de consigner l’expression de son repentir dans un testament dont la portée atteignait sans doute des intérêts puissants et vigilants, car on crut urgent de le supprimer[1].

  1. Rouget de Lisle mentionne expressément cet « acte solennel qu’il dicta sur son lit de mort ». — Vauban en parle dans ces termes : « Il est mort tourmenté du regret de ses fautes, et il a écrit sur cela, un mémoire où il les déclinait franchement : ce mémoire était l’expression de son repentir. On dit qu’il était noble et touchant. Il est fâcheux qu’un de ses parents, qui l’a soigné jusqu’à sa mort et qui en est resté dépositaire pour le faire connaître, n’ait pas rempli sur cela ses instructions dernières… » (Mém., p. 171.) Puisaye désigne assez clairement ce dépositaire