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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/360

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liste de ceux qu’il juge dignes de la croix de Saint-Louis ; il les nommera tout d’un temps. « Cette forme, ajoute-t-il, est moins régulière que celle d’envoyer des brevets à chacun, mais la difficulté des communications l’exige[1]… »


Cette lettre est vraiment remarquable d’astuce, de rouerie savante et d’audace corruptrice. Mais le rusé prétendant ne savait pas à qui il avait affaire ; son génie d’intrigue restait inhabile à concevoir un caractère fait de droiture et d’inflexibilité. Il ne devait pas tarder à connaître quel homme était Charette.

À la première nouvelle du décès survenu au Temple, Charette, outré d’avoir été berné par les promesses de La Jaunaye, avait lancé une proclamation indignée (20 juin), pour dénoncer à la France et à l’Europe, la mort du jeune roi comme un nouveau régicide commis par le gouvernement républicain. Cette attitude, qui faisait l’affaire du Régent, pressé d’être

  1. Manuscrit inédit de Louis XVIII, par Martin Doisy, Avant-propos, p. 120. — Il n’est pas besoin de signaler les sous-entendus un peu trop marqués et les finesses vraiment trop transparentes qui tendent à imposer à Charette l’obligation de recevoir une investiture légale pour être en possession du positif et à affirmer que par le fait de l’envoi d’un brevet de commandement, c’est à Louis XVIII lui-même que tout le monde obéira. Mais il convient de faire ressortir la précaution contradictoire qui consiste à antidater la nomination, sous le prétexte inadmissible d’une impossibilité qui en aurait retardé l’envoi, mais en réalité pour parer à l’effet désastreux qui se serait produit, si, comme on pouvait le craindre, le Grand-Vendéen avait refusé un brevet signé du Roi Louis XVIII, ainsi qu’il devait (comme on va le voir) refuser les cordons envoyés par ce Roi, c’est évidemment pour la même raison que la difficulté des communications était invoquée comme empêchement à l’envoi de brevets individuels de promotions dans l’ordre de Saint-Louis.