Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/362

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Tout avait été mis en œuvre pour prévenir un si fâcheux éclat, pour gagner même le concours du terrible adversaire qu’on avait voulu croire un allié.

Dès les premiers temps de cette période critique, Charette avait vu arriver à son camp un émissaire du comte de Provence, M. Meyronnet de Saint-Marc, ancien capitaine de vaisseau, et un émissaire du comte d’Artois, son ami de confiance, le marquis de Rivière[1]. Il avait reçu aussi la visite du baron de Nantiat. Leurs démarches étant restées sans effet, une véritable mission avait été envoyée auprès de lui ; elle se composait du même Rivière, de l’abbé Brumault de Beauregard, qui fut depuis évêque d’Orléans, d’un ancien officier de marine, Kersabiec, de Bascher et de Prudent de La Bassetière. Pour tenter Charette, ils étaient porteurs de nouvelles promesses et de nouvelles faveurs.

Rien n’est plus extraordinaire et, au premier abord, plus incompréhensible que la concomitance de choses qui devraient s’exclure : l’octroi de grades et de distinctions honorifiques qui s’augmentent à mesure que les actes de celui à qui on les confère, s’affirment publiquement dans le sens de la résistance irréductible.

Il y a là comme une contradiction dépassant la notion du vraisemblable.

Et cependant cela s’est passé ainsi.

C’est que, très évidemment, en raison de la nature particulièrement délicate de la question, les deux parties en présence en étaient venues, par la force des

  1. Le marquis de Rivière avait fait une première visite à Charette le 14 mai 1795.