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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/385

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on abandonna le parti royaliste à son malheureux sort, puisqu’il s’obstinait dans son insolente fidélité aux principes.

Et ce fut bien un abandon voulu et calculé ; ce fut même peut-être plus qu’un abandon.

On sait que l’année suivante, Charette fut pris et fusillé par suite de la trahison d’un des siens, — M. de La Roberie, son lieutenant de confiance et son ami, s’il faut en croire Hoche[1]. Par qui fut commandée et payée cette trahison ?

Vauban, en racontant la fin du grand Vendéen, ajoute quelques lignes suggestives :


« Ainsi a fini le général Charette, qui, depuis l’Île-Dieu[sic], n’avait pas été incertain de sa fin. Il l’avait tellement calculée et pressentie, qu’après le départ de l’Île-Dieu, il avait écrit au roi Louis XVIII, une lettre que j’ai tenue et lue en original, et je connaissais bien son écriture. Cette lettre, qui ne contenait que cinq lignes, disait :

« Sire, la lâcheté de votre frère a tout perdu. Il ne

  1. Pour s’affranchir de la réprobation qui pesait sur lui, M. de La Roberie obtint, en 1826, de passer devant un conseil militaire, qui le déchargea des accusations portées contre lui. Devant la critique historique, la question est de savoir si la décision d’un tribunal composé par le gouvernement qui avait intérêt à faire innocenter La Roberie, peut avoir plus de valeur que les déclarations de Hoche, dont on ne saurait apercevoir l’intérêt en cette circonstance. — Quant aux soupçons à porter contre le comte de Provence, Méhée de La Touche, qui avait fait de l’espionnage en Vendée, affirme que le général Willot fut un des principaux auteurs de la mort de Charette. Or ce Willot devint, très peu après, un des conseillers et agents les plus écoutés des princes ; à la Restauration, il fut fait comte.