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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/40

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qu’ils ont abandonné lâchement ne leur donne pas de grandes espérances[1]. »


Ainsi pour une bonne partie de la fidèle noblesse[2] pour quelques-uns des princes du sang, aussi bien que pour certains gros joueurs de la politique[3], l’héritier légitime était déjà Monsieur de Trop, comme devait le devenir, de nos jours, le comte de Chambord, pour bien des gens qui croyaient d’ailleurs à ses droits.

Tels n’étaient pas les sentiments de la France royaliste, qui restait étrangère à tous ces calculs, à toutes ces combinaisons des gens de cour et d’affaires. Dans tous les foyers où n’avait pas pénétré l’esprit de la Révolution, dans les modestes manoirs de la noblesse de province, dans les logis de la bourgeoisie, dans les chaumières et les échoppes, quand, verroux tirés et volets clos, on s’entretenait des misères du présent et des espérances de l’avenir, c’était pour s’apitoyer sur le sort de ce malheureux orphelin, de ce pauvre petit roi, détenu, maltraité par des bourreaux inhumains,

  1. Archives Voronzov, t. VIII, lettres de Pétersbourg, écrites par Rostopchine au comte G. R. Voronzov.
  2. Ce n’est pas que, dans l’émigration même, il ne se trouvât bon nombre de royalistes fidèles à la ligne droite. M. de Saint-Priest avait refusé de céder aux instances du Régent qui l’appelait à la direction de son cabinet, « parce que, — dit son biographe M. de Barante, — il ne jugeait pas que la situation fût nettement établie », et, quelques années après, ayant fini par accepter ces fonctions, il s’en démettait brusquement dans des circonstances qui font penser qu’il lui était venu de nouveaux doutes sur la régularité de la situation.
  3. Surtout pour ceux qui, comme Cambacérès et consorts, comptaient dans leur jeu, comme cartes maîtresses, le secret des intrigues criminelles du comte de Provence contre son frère et son neveu, et plus tard le secret du Temple.