Aller au contenu

Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

était parvenu à y intéresser Joséphine de Beauharnais, fervente royaliste, et par elle, le dictateur effectif, Barras, qui, ne pouvant sortir de sa défiance vis-à-vis des offres et des promesses dont l’assiégeait le comte de Provence, avait facilement compris de quel avantage serait pour lui, contre les ambitions et les rancunes du prétendant, la possession d’un otage tel que l’héritier légitime. Au prix de sacrifices pécuniaires importants, Frotté s’était assuré la complicité au moins passive des principaux gouvernants, entre autres de Carnot et de Cambacérès. Enfin, il avait fini par obtenir la coopération effective de deux chefs militaires renommés, qui, dans cette circonstance, ne cédaient peut-être pas à l’impulsion de motifs identiques et également nobles, Pichegru et Hoche.

Ceci n’est point du roman, c’est de l’histoire. Les preuves existent. Il est impossible de les exposer ici : il faudrait entrer dans des développements qui entraîneraient trop loin du sujet de cette étude[1]. Sans examiner quelle fut l’issue de cette généreuse intrigue, et sans discuter le fait de l’évasion du jeune roi ou de sa mort au Temple, il était au moins indispensable de signaler l’existence de ces projets tendant à le sauver. Il est nécessaire aussi de constater que la croyance à son évasion fut, au moins dans les premiers

    eu personnellement connaissance, ou qui en ont entendu l’aveu de sa bouche, témoins dont la sincérité ne saurait être mise en doute et contre lesquels on ne saurait sérieusement arguer de ce qui se trouve ou ne se trouve pas écrit dans ses Mémoires, qui ont subi trop de vicissitudes et ont passé par trop de mains pour mériter confiance.

  1. Voir Louis XVII et le secret de la Révolution, Dujarric et Cie, Éditeurs.