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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/78

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de confiance avaient précédé la rentrée de Puisaye sur le continent[1].

Ils avaient même précédé les négociations de La

  1. Le jour de la clôture, Hoche reconduisit Frotté jusqu’à sa voiture ; des Conférences de La Mabilais, Frotté lui serrant la main, lui avait dit : « L’Angleterre eut son Monck. La France en offrira un, je l’espère, plus illustre encore, et alors je serai fort aise de servir sous vos ordres ! » Hoche n’avait pas protesté. Après Quiberon, à Angers, Constant de Suzannet lui dit : « Vous êtes dans le pays de Du Guesclin… Le Roi de France peut faire un connétable… Un seul homme au monde sera au-dessus de vous, et cet homme est le petit fils de Henri IV et de Louis XIV : il vous traitera presque en égal. » Hoche ne protesta pas encore. Une pièce intéressante éclaire singulièrement tout cela. C’est une lettre adressée à Puisaye par le président de la Commission intérimaire de la Bretagne : « Hoche a prouvé qu’il entrait dans les plans de ceux qui ont effectué la journée du 18 (fructidor) puisqu’il y a eu une part active, et Mermet, son ami, m’a dit qu’il partageait notre opinion, que nous aurions un Roi, que l’on ne différait que de quelque chose. A. Hoche, cousin du général en chef de l’Ouest, a tenu les mêmes discours à M. Z… Ce ne saurait être le duc d’Orléans que ce parti voulait porter au trône, puisqu’il avait à se plaindre de ses agents, qui, plusieurs fois, avaient formé le plan même de l’assassiner. L’événement a prouvé qu’il était l’ennemi de Louis XVIII et de ceux qui soutiennent ses droits avec constance, et cependant le soin qu’il prenait de se faire des partisans de ceux même qu’il avait combattus, en proposant aux uns des bataillons, quoiqu’il n’ignorât nullement qu’ils fussent émigrés, aux autres des sommes assez considérables s’ils pouvaient découvrir la retraite et les plans de M. de Puisaye, donnait à entendre qu’il voulait, aussi lui, se défaire d’un homme dont l’Espagne semblait avoir décidé la mort… » (Mémoires de Puisaye, t. 5, p. 210.) Si l’on rapproche cela de la phrase (citée plus haut) de Vauban, constatant qu’au moment de Quiberon, la Normandie était « conduite par une main qui ne voulait agir qu’à une condition qui n’existait pas encore », il devient évident que les projets de Frotté et de Hoche étaient conformes à ceux des royalistes bretons que commandait Puisaye, mais qu’il y eut de la part de Hoche, à l’égard de Puisaye personnellement, rivalité d’ambition, ou plus probablement défiance pour l’exécution de ces projets.