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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/81

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même but final, mais suivant la voie de combinaisons différentes.

Les plus redoutables, — les plus immédiatement redoutables, — ennemis de l’usurpation, étaient ceux que l’on savait, ou du moins que l’on croyait avoir en leur possession la personne du jeune roi. C’étaient Frotté, Puisaye et les chefs royalistes de la Bretagne et de la Normandie[1].

Charette n’était pas dans le secret des projets d’évasion, et par l’effet d’une rivalité soigneusement entretenue, le défaut d’entente, la défiance même, étaient toujours faciles à faire renaître entre les commandants royalistes des deux rives.

C’était un coup de maître de profiter de ces circonstances pour tromper Charette et, en exaltant ses plus hautes ambitions par des promesses d’une portée irrésistible, lui faire déposer les armes au moment même où son concours était nécessaire au mouvement réellement redouté.

Les négociations de La Jaunaye n’eurent peut-être pas au fond d’autre but[2].

Elles avaient été précédées d’une série d’actes, de mesures, d’agissements qui avaient enfoncé profondément

  1. Il faudrait entrer dans de trop longs développements pour expliquer ici sur quoi était fondée cette croyance mais il est certain qu’à ce moment (fin de l’hiver 94), les affidés du comte de Provence et un certain nombre des Conventionnels pouvaient croire le jeune roi déjà évadé et supposer qu’on le ferait reparaître dans l’Ouest. Voir Louis XVII et le secret de la Révolution.
  2. « Les grands chefs vendéens en voulaient à Puisaye, aux Anglais. Ils ne refusaient pas tout à fait, mais ils disaient qu’ils n’agiraient que quand Scépeaux, l’un d’eux, reviendrait de Paris, où il négociait. » (Michelet, Histoire de la Révolution, p. 1976.)