Aller au contenu

Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tent assez énigmatiques, M. Bureau de La Batardière, s’offrit à les accompagner. Ancien magistrat à la Cour des Comptes de Bretagne, il avait traversé ces temps difficiles en manœuvrant avec une certaine dextérité entre les partis opposés. En 93, on l’avait vu pourtant se charger d’une mission confidentielle des chefs vendéens pour le roi d’Espagne, mais il s’était fait prendre par les républicains, non sans exciter des soupçons de connivence, qui, malgré une condamnation à mort, se fortifièrent en raison de la facilité qu’il avait trouvée à s’échapper et de la sécurité que semblait indiquer sa persistance à rester dans le pays, où il affectait des allures de gibier traqué qui ne paraissaient pas sincères. Son intervention dans ces dernières circonstances, n’est pas de nature à détruire ces soupçons : ce fut lui qui vint proposer ses bons offices à Mme Gasnier, qui le renvoya à Ruelle, dont il fut immédiatement agréé ; il devint en réalité l’agent accrédité de cette espèce de mission. Il prit avec lui son neveu, Bertrand-Geslin, aide de camp de Canclaux.

Après un trajet assez difficile et qui ne fut pas sans périls, ils parvinrent à obtenir des avant-postes vendéens un sauf-conduit pour amener Mlle de Charette jusqu’au château de la Roche-Boulogne. De là, Bureau envoya demander une entrevue au général.

Elle eut lieu le 28 décembre 1794.

La diplomatie insinuante de Bureau et les grâces touchantes de Mme Gasnier, plaidant la cause de l’humanité et déplorant la guerre civile, se heurtèrent tout d’abord à la résolution inflexible de Charette de ramener la question à des termes simples et catégoriques. « Dites aux représentants, Madame, qu’il faut