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CORNEILLE.

congédié pour avoir changé quelque chose au plan d’un acte qui lui était confié : le cardinal, selon Voltaire, lui aurait reproché de n’avoir pas l’esprit de suite. Il est difficile de savoir la vérité sur cet épisode de la vie de notre poète. Deux choses sont certaines : c’est qu’il fit partie des cinq auteurs, et qu’il n’en fit pas partie longtemps.

Le Cid, malgré toutes les critiques, élève Corneille au-dessus de tous ses rivaux ; et la suite des chefs-d’œuvre se déroule. Nous étudierons plus loin le développement de son génie dramatique ; pour l’instant, nous cherchons l’homme, dans sa vie domestique.

En janvier 1637, Pierre Corneille le père, l’ancien maître des eaux et forêts, fut anobli par lettres royales avec « ses enfants et postérité, mâles et femelles, nés et à naître en loyal mariage ». Quoique l’ordonnance rappelât « l’extrême soin et fidélité » avec lesquels le sieur Corneille avait conservé les forêts du roi « durant plus de vingt ans », on a voulu que le fils ait plus que le père contribué à cette élévation de la famille. C’est possible, à la condition qu’on n’en fasse pas la récompense du Cid. Comment Richelieu se fût-il déjugé au point de gratifier ainsi l’auteur de la pièce qu’il allait si obstinément poursuivre ? Puis, le Cid ayant paru au plus tôt dans les derniers jours de décembre 1636, il eût fallu, au premier éclat du succès, bien de la hâte à demander chez le poète, bien de l’empressement à accorder chez Richelieu pour qu’en moins d’un mois l’ordonnance fût préparée, signée et publiée. La faveur dut être sollicitée avant le Cid, donnée au succès encore