Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 5.djvu/115

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Newton a supposé entre les molécules d’air une force révulsive réciproque à leur distance. Mais, en appliquant à ce cas mes formules, je trouve que la pression à l’intérieur et à la surface suit une loi bien différente de la loi générale des fluides élastiques, suivant laquelle la pression, à températures égales, est proportionnelle à la densité. Aussi Newton n’admet-il la répulsion qu’une molécule doit exercer ainsi sur les autres que dans une très-petite étendue ; mars l’explication qu’il donne de ce défaut de continuité est bien peu satisfaisante. Il faut sans doute admettre entre les molécules de l’air une loi de répulsion qui ne soit sensible qu’à des distances imperceptibles. La difficulté consiste à déduire de ce genre de forces les lois générales que présentent les fluides élastiques. Je crois y être parvenu en appliquant à cet objet les formules dont je viens de parler.

Je suppose que les molécules des gaz sont à une distance telle que leur attraction mutuelle soit insensible, ce qui me paraît être la propriété caractéristique de ces fluides et même des vapeurs, de celles, du moins, qu’une légère compression ne réduit point en partie à l’état liquide. Je suppose ensuite que ces molécules retiennent par leur attraction le calorique et que leur répulsion mutuelle est due à la répulsion des molécules du calorique, répulsion évidemment indiquée par l’accroissement du ressort des gaz quand leur température augmente. Je suppose enfin que cette répulsion n’est sensible qu’à des distances imperceptibles. Je fais voir que, dans ces suppositions, la pression dans l’intérieur et à la surface d’une sphère formée d’un pareil fluide est égale au produit du carré du nombre de ses molécules contenues dans un espace donné, pris pour unité, par exemple de litre, par le carré du calorique renfermé dans une quelconque de ces molécules et par un facteur constant. Ce résultat étant indépendant du rayon de la sphère, il est facile d’en conclure qu’il a lieu quelle que soit la figure de l’enveloppe qui contient le gaz.

J’imagine ensuite l’espace pris pour unité à une température donnée et contenant un gaz à la même température. Il est clair qu’une molécule quelconque de ce gaz sera atteinte à chaque instant par les rayons