Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 5.djvu/336

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leur, dans le Volume cité de l’Académie des Sciences, que cette cause est l’aplatissement du sphéroïde de Saturne, produit par un mouvement rapide de rotation de cette planète, mouvement qu’Herschel a confirmé depuis par l’observation. L’Analyse fait voir que, en supposant les anneaux peu inclinés au plan de l’équateur de Saturne, cet aplatissement les maintient toujours à peu près dans ce plan, dont l’action du Soleil tend à les écarter. En même temps que ces anneaux tournent autour de leurs centres de gravité, ces centres se meuvent autour du centre de la planète. De là naissent, dans les positions respectives des plans des anneaux, des variations continuelles, qui produisent, dans la manière dont ils sont éclairés par le Soleil vers leurs apparitions et leurs disparitions et dans celle dont ils se présentent à l’observateur, des différences propres à expliquer les apparences singulières que l’on a quelquefois observées. Telle est la disparition d’une des anses avant l’autre, qui continue de paraître du même côté de la planète pendant une et même plusieurs périodes de la rotation de l’anneau. Tels sont encore ces points lumineux qui semblent immobiles, et qui ont porté quelques observateurs à douter de la rotation des anneaux, dont cependant la nécessité est démontrée par les lois de la Mécanique.

Suivant les observations d’Herschel, la durée de la rotation de l’anneau est de celle de Saturne est de presque égale à la précédente, mais un peu plus petite, comme cela doit être suivant l’hypothèse que j’ai proposée sur la formation des planètes, des satellites et des anneaux. Dans cette hypothèse, les satellites et les anneaux de Saturne ont été formés par les zones que l’atmosphère de la planète a successivement abandonnées à mesure qu’elle s’est resserrée en se refroidissant. Le mouvement de rotation de Saturne s’est accéléré de plus en plus, en vertu du principe des aires. La durée de la rotation d’une planète doit donc être, d’après cette hypothèse, plus petite que la durée de la révolution du corps le plus voisin qui circule autour d’elle, ce qui a lieu pareillement pour le Soleil relativement aux planètes, qui sont toutes les produits des zones abandonnées successivement par l’atmosphère solaire. Tout cela, confirmé par l’observation.