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LIVRE XV.

ainsi non-seulement confirmé par ce grand géomètre de la manière la plus élégante et la plus simple, mais encore étendu à des excentricités et à des inclinaisons quelconques.

J’ai fait voir dans le Livre VI que, en ayant égard aux carrés et aux produits des masses de Jupiter et de Saturne, leurs grandes inégalités n’altèrent point ce résultat. M. Poisson est ensuite parvenu, par une savante analyse insérée dans le Tome VIII du Journal de l’École Polytechnique, à démontrer généralement que le carré de la force perturbatrice n’introduit que des quantités périodiques dans l’expression de la longitude moyenne, résultat important dans l’Astronomie, parce qu’une inégalité séculaire dans l’expression différentielle du grand axe, quoique multipliée par le carré des masses planétaires, donnerait, par la double intégration qu’elle subit dans l’expression de la longitude moyenne, une inégalité du même ordre que l’inégalité du mouvement elliptique dont l’argument est le double de l’anomalie. Ces recherches de M. Poisson et celles qu’il a publiées dans le même Volume sur la précession des équinoxes et sur l’uniformité de la rotation de la Terre lui ont acquis de justes droits à la reconnaissance des géomètres et des astronomes.

Le résultat précédent cesse d’avoir lieu si les moyens mouvements ont entre eux des rapports commensurables. Ce cas très-singulier se présente dans le système des satellites de Jupiter, et je l’ai discuté dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de 1784. La longitude moyenne du premier satellite, moins trois fois celle du second, plus deux fois celle du troisième, est égale à la demi-circonférence. L’approximation avec laquelle les Tables des satellites de Jupiter par Wargentin donnent ce rapport me fit soupçonner qu’il est rigoureux. Il était contre toute vraisemblance de supposer que le hasard a placé originairement les trois premiers satellites aux distances et dans les positions convenables à ce rapport, et il était extrêmement probable qu’il est dû à une cause particulière. Je cherchai donc cette cause dans l’action mutuelle des satellites. L’examen approfondi de cette action me fit voir qu’elle a suffi pour rendre ce rapport rigoureux, s’il a été