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LIVRE XV.

que l’on avait conclues des observations de leurs satellites. En résolvant ces équations, il a déterminé ces corrections. Il a trouvé nulle, à fort peu près, celle de la masse de Jupiter. La correction de la masse de Saturne diminue d’un sixième environ la valeur que Nev^^ton en a donnée. Si l’on applique à ces résultats le Calcul des probabilités, on trouve qu’il est extrêmement probable que l’erreur n’est pas un centième de leur valeur. La correction de la masse d’Uranus, conclue des observations de ses satellites, est peu considérable. L’action de cette planète sur Saturne n’étant pas très-sensible, la valeur de sa masse est moins sûre que celle de la masse de Saturne ; mais elle confirme la valeur déduite des observations des satellites d’Uranus, et qui, vu l’incertitude de ces observations, avait besoin d’être confirmée. Les Tables de M. Bouvard représentent aussi bien qu’on peut le désirer les observations anciennes de Jupiter et de Saturne et la conjonction de ces deux planètes observée par Ibn Junis dans l’année 1007. Cet accord prouve que, depuis les temps anciens jusqu’à nous, l’action des causes étrangères a été insensible.

En considérant le peu de différence qui existe entre cinq fois le moyen mouvement de Saturne et deux fois celui de Jupiter, on voit qu’un léger changement dans les distances moyennes primitives de ces deux planètes eût suffi pour la rendre nulle. Mais cela même n’était pas nécessaire à cet objet ; car l’attraction mutuelle des deux planètes eût rendu cette différence constamment nulle, dans le cas où elle ne l’aurait pas été à l’origine, pourvu qu’elle eût été contenue dans d’étroites limites. On verra bientôt que ces limites sont, à peu près, plus ou moins quatre dixièmes de la différence observée, et que, pour faire tomber cette différence dans ces limites, il suffirait d’augmenter de la moyenne distance de Saturne au Soleil et de diminuer de celle de Jupiter. Il s’en est donc fallu bien peu que les deux plus grosses planètes de notre système n’aient offert un phénomène analogue à celui des trois premiers satellites de Jupiter, mais qui eût été bien plus compliqué, par sa grande influence sur les variations séculaires des éléments de leurs orbites.