Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/116

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pression sensible. Ils le font voir avec une couleur bleue, qui répand une teinte de même couleur sur tous les objets aperçus dans le lointain, et qui forme l’azur céleste : c’est ainsi que nous ne voyons le brouillard dans lequel nous sommes plongés qu’à une distance plus ou moins grande. Cette voûte bleue, à laquelle les astres semblent attachés, est donc fort près de nous ; elle n’est que l’atmosphère terrestre, et c’est à d’immenses distances au delà que tous ces corps sont placés. Les rayons solaires, que ces molécules nous renvoient en abondance avant le lever et après le coucher du Soleil, forment l’aurore et le crépuscule, qui, s’étendant à plus de 20° de distance de cet astre, nous prouvent que les molécules extrêmes de l’atmosphère sont élevées au moins de 60 000.

Si l’œil pouvait distinguer et rapporter à leur vraie place les points de la surface extérieure de l’atmosphère, nous verrions le ciel comme une calotte sphérique, formée par la portion de cette surface que retrancherait un plan tangent à la Terre, et comme la hauteur de l’atmosphère est fort petite relativement au rayon terrestre, le ciel nous paraîtrait sous la forme d’une voûte surbaissée. Mais quoique nous ne puissions pas distinguer les limites de l’atmosphère, cependant les rayons qu’elle nous renvoie, venant d’une plus grande profondeur à l’horizon qu’au zénith, nous devons la juger plus étendue dans le premier sens. À cette cause se joint encore l’interposition des objets à l’horizon, qui contribue à augmenter la distance apparente de la partie du ciel que nous rapportons au delà ; le ciel doit donc nous paraître surbaissé tel que la calotte d’une sphère. Un astre élevé d’environ 26° semble diviser en deux parties égales la longueur de la courbe que forme depuis l’horizon jusqu’au zénith la section de la surface du ciel par un plan vertical ; d’où il suit que, si cette courbe est un arc de cercle, le rayon horizontal de la voûte céleste apparente est à son rayon vertical à peu près comme 3 est à l’unité ; mais ce rapport varie avec les causes de cette illusion. Les grandeurs apparentes du Soleil et de la Lune étant proportionnelles aux angles sous lesquels on les aperçoit et à la distance apparente du point du ciel auquel on les