Page:Laplace - Essai philosophique sur les probabilités.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
168
essai philosophique

à cet objet, persuadé qu’il est toujours le meilleur guide lorsqu’on l’appuie sur les données que le bon sens nous suggère.

La probabilité que l’opinion de chaque juge est juste, entre comme élément principal dans ce calcul. Cette probabilité est évidemment relative à chaque affaire. Si dans un tribunal de mille et un juges, cinq cent-un sont d’une opinion, et cinq cents sont de l’opinion contraire, il est visible que la probabilité de l’opinion de chaque juge surpasse bien peu  ; car en la supposant sensiblement plus grande, une seule voix de différence serait un événement invraisemblable. Mais si les juges sont unanimes, cela indique dans les preuves ce degré de force qui entraîne la conviction ; la probabilité de l’opinion de chaque juge est donc alors très près de l’unité ou de la certitude, à moins que des passions ou des préjugés communs n’égarent à la fois tous les juges. Hors de ces cas, le rapport des voix pour ou contre l’accusé doit seul déterminer cette probabilité. Je suppose ainsi qu’elle peut varier depuis jusqu’à l’unité, mais qu’elle ne peut être au-dessous de . Si cela n’était pas, la décision du tribunal serait insignifiante comme le sort : elle n’a de valeur qu’autant que l’opinion du juge a plus de tendance à la vérité qu’à l’erreur. C’est en-