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sur les probabilités.

voir que l’idée de ce mouvement et la tendance à l’imiter correspondent à des mouvemens du sensorium, dont le premier produit le second, à peu près comme les vibrations d’une corde sonore font vibrer ses harmoniques. On explique ainsi comment l’idée de la chute dans un précipice fortement imprimée par la peur, peut y faire tomber celui qui le traverse sur une planche étroite qu’il parcourrait d’un pas ferme, si elle était posée dans toute sa longueur sur la terre. Je connais des personnes qui éprouvent une telle excitation à se précipiter d’une grande hauteur où elles se voient élevées, qu’elles sont forcées, pour y résister, d’augmenter les précautions prises pour les retenir, et cependant bien propres à les rassurer.

Par une noble prérogative de l’espèce humaine, le récit d’actions grandes et vertueuses nous enflamme et nous porte à les imiter. Mais quelques individus tiennent de leur organisation ou de pernicieux exemples, des penchans funestes qu’excite vivement le récit d’une action criminelle devenue l’objet de l’attention publique. Sous ce rapport, la publicité des crimes n’est pas sans danger.

La commisération, la bienveillance et beaucoup d’autres sentimens dérivent de la sympathie.