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sur les probabilités.

qui accompagnent les actes habituels, explique, de la manière la plus simple, l’empire que les habitudes enracinées par les siècles exercent sur tout un peuple, et la facilité de leur communication aux enfans, lors même qu’elles sont les plus contraires à la raison et aux droits imprescriptibles de la nature humaine.

La facilité qu’un exercice fréquent donne aux organes, est telle qu’ils continuent souvent d’eux-mêmes les mouvemens que la volonté leur imprime. Lorsqu’en marchant, nous sommes fortement occupés d’une idée, la cause qui renouvelle à chaque instant notre mouvement, agit sans le concours de notre volonté et sans que nous en ayons la conscience. On a vu des personnes surprises en marchant par le sommeil, continuer leur route et ne se réveiller que par la rencontre d’un obstacle. Il paraît qu’en vertu d’une disposition que la volonté de marcher donne au système moteur, la marche continue, à peu près comme le mouvement d’une montre est entretenu par le développement de son ressort spiral. Un dérangement dans l’économie animale peut produire cette disposition. Alors la marche est involontaire ; et je tiens d’un médecin éclairé, que dans une maladie de ce genre qu’il avait traitée, le malade ne pouvait s’arrêter qu’en se retenant