Page:Laplace - Essai philosophique sur les probabilités.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
81
sur les probabilités.

Le rapport des naissances des garçons à celles des filles, différant très peu de l’unité, des nombres même assez grands de naissances observées dans un lieu, pourraient offrir à cet égard un résultat contraire à la loi générale, sans que l’on fût en droit d’en conclure que cette loi n’y existe pas. Pour tirer cette conséquence, il faut employer de très grands nombres, et s’assurer qu’elle est indiquée avec une grande probabilité. Buffon cite, par exemple, dans son Arithmétique politique, plusieurs communes de Bourgogne où les naissances des filles ont surpassé celles des garçons. Parmi ces communes, celle de Carcelle-le-Grignon présente, sur 2 009 naissances pendant cinq années, 1 026 filles et 983 garçons. Quoique ces nombres soient considérables, cependant ils n’indiquent une plus grande possibilité dans les naissances des filles, qu’avec la probabilité  ; et cette probabilité plus petite que celle de ne pas amener croix quatre fois de suite, au jeu de croix ou pile, n’est pas suffisante pour rechercher la cause de cette anomalie qui, selon toute vraisemblance, disparaîtrait si l’on suivait, pendant un siècle, les naissances dans cette commune.

Les registres des naissances, que l’on tient avec soin pour assurer l’état des citoyens, peuvent

6