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sur les probabilités.


Application du Calcul des Probabilités, à la Philosophie naturelle.

Les phénomènes de la nature sont le plus souvent enveloppés de tant de circonstances étrangères, un si grand nombre de causes perturbatrices y mêlent leur influence, qu’il est très difficile de les reconnaître. On ne peut y parvenir qu’en multipliant les observations ou les expériences, afin que les effets étrangers venant à se détruire réciproquement, les résultats moyens mettent en évidence ces phénomènes et leurs élémens divers. Plus les observations sont nombreuses, et moins elles s’écartent entre elles ; plus leurs résultats approchent de la vérité. On remplit cette dernière condition par le choix des méthodes d’observation, par la précision des instrumens, et par le soin que l’on met à bien observer : ensuite, on détermine par la théorie des probabilités, les résultats moyens les plus avantageux, ou ceux qui donnent le moins de prise à l’erreur. Mais cela ne suffit pas ; il est de plus nécessaire d’apprécier la probabilité que les erreurs de ces résultats sont comprises dans des limites données : sans cela, on n’a qu’une connaissance imparfaite du degré d’exactitude