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LIVRE QUATRIÈME


de la théorie de la pesanteur universelle.


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Opinionum commenta dolet dies, naturæ judicia confirmat.
Cic. de Nat. Dcor.


Après avoir exposé dans les livres précédens, les loix des mouvemens célestes, et celles de l’action des causes motrices ; il nous reste à les comparer, pour connoître les forces qui animent les corps du systême solaire, et pour nous élever sans hypothèse et par des raisonnemens géométriques, au principe général de la pesanteur dont elles dérivent. C’est dans l’espace céleste, que les loix de la mécanique s’observent avec le plus de précision : tant de circonstances en compliquent les résultats sur la terre, qu’il est difficile de les démêler, et plus difficile encore de les assujétir au calcul. Mais les corps du systême solaire, séparés par d'immenses distances, et soumis à l’action d’une force principale dont il est aisé de calculer les effets, ne sont troublés dans leurs mouvemens respectifs, que par des forces assez petites pour que l’on ait pu embrasser dans des formules générales, tous les changemens que la suite des temps a produits et doit amener dans ce systême. Il ne s’agit point ici de causes vagues, impossibles à soumettre à l'analyse, et que l’imagination modifie à son gré, pour expliquer les phénomènes. La loi de la pesanteur universelle a le précieux avantage de pouvoir être réduite au calcul, et d’offrir dans la comparaison de ses résultats aux observations, le plus sûr moyen d’en