CHAPITRE III.
Aux travaux de Ptolémée, se terminent les progrès de l’astronomie,
dans l’école d’Alexandrie. Cette école subsista encore pendant
cinq siècles ; mais les successeurs d’Hipparque et de Ptolémée
se bornèrent à commenter leurs ouvrages, sans ajouter à leurs
découvertes ; et si l’on excepte deux éclipses rapportées par
Théon,
et quelques observations de Thius à Athènes ; les phénomènes que
le ciel offrit dans un intervalle de plus de six cents ans,
manquèrent
d’observateurs. Rome pendant long-temps, le séjour des vertus,
de la gloire et des lettres, ne fit rien d’utile aux sciences.
La
considération
attachée dans la république, à l’éloquence et aux talens
militaires, entraîna tous les esprits : les sciences qui n’y
présentoient
aucun avantage, durent être négligées au milieu des conquêtes
que son ambition lui fit entreprendre, et des troubles intérieurs
qui l’agitèrent, et qui toujours croissant, produisirent enfin
les
guerres civiles dans lesquelles son inquiette liberté expira,
pour
faire place au despotisme souvent orageux de ses empereurs. Le
déchirement de l’Empire, suite inévitable de sa trop vaste
étendue,
amena sa décadence ; et le flambeau des sciences, éteint par les
irruptions des barbares, ne se ralluma que chez les Arabes.
Ce peuple exalté par le fanatisme, après avoir étendu sa religion et ses armes, sur une grande partie de la terre, se fût à peine, reposé dans la paix ; qu’il se livra aux sciences et aux lettres, avec ardeur. Peu de temps auparavant, il en avoit détruit le plus beau monument, en réduisant en cendres la fameuse bibliothèque d’Alexandrie. En vain le philosophe Philoponus demanda avec instance, qu’elle fût conservée : Si ces livres, répondit Omar, sont conformes à l’alcoran, ils sont inutiles ; ils sont détestables, s’ils