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Page:Lapointe - Une voix d’en bas - Échos de la rue, 1886.djvu/143

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L’artisan des lambris, en habit, linge blanc,
Du spectre de la faim triste représentant,
Le plus déshérité du produit de. nos treilles,
Exténué, tué par de trop longues veilles,
Avec sa douce femme, avec ses blonds enfants,
Tous chétifs, mais proprets, courent à travers champs.
Que de privations durent être subies
Pour ce peu de toilette ! et combien d’insomnies,
De fatigues, de soins, de soucis, de tracas,
Eut cette pauvre mère à préparer gants, bas,
Robes et mouchoirs blancs ! En secret que de jeûnes
Pour avoir des colliers bénits aux deux plus jeunes !
Bonnes gens, puisse Dieu, touché de votre foi,
Vous laisser le petit... qu’il m’a repris à moi !

Le soir, las de fouler gazon, herbe nouvelle,
La famille avec joie aborde une tonnelle
Pleine d’ombrage frais et vert du haut en bas ;
Puis la femme économe acquitte le repas ;
L’homme sourit au vin, l’enfant au confortable,
Et la félicité, qui rend l’espoir aimable,
Leur fait rêver à tous un siècle plus humain.
Hélas ! à ce beau jour quel triste lendemain !




LE SOIR

III

Des flots de travailleurs descendent les barrières,
Longent les boulevards pleins de vagues lumières,