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Page:Lapointe - Une voix d’en bas - Échos de la rue, 1886.djvu/272

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De petits vagabonds, déguenillés et noirs,
Debout, couchés, assis sur le bord des trottoirs,
Regardent tristement les rouges étincelles
Que la bise des nuits emporte sur ses ailes ;
Et de face et de dos, autour de ce brasier,
Grignotent les débris d’un pain dur et grossier.


II

Le vent est froid, deuil et torture ;
Et des enfants, ciel inhumain
Des enfants qui pour couverture
N’ont que les brumes du chemin.

Hier, ils dormaient sous des langes,
Une mère auprès d’eux veillait.
Qui donc les jeta dans nos fanges
Par ce temps, à l’heure qu’il est ?

Pressés par le besoin, sans doute,
Leurs désolés parents ont dit :
Enfants, il faut vous mettre en route.
Le pain manque à notre appétit.

Et ces glaneurs infortunés,
N’ayant trouvé ni sou ni maille,
Autour de ce grand feu de paille
Pleurent, pauvres, abandonnés !