Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/236

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Et mon front n’a touché qu’en rêve
Au nimbe d’or des bienheureux.

Mes pieds ont peine à me conduire
Sur un sentier matériel ;
Mais je suis pareille au navire,
Ma force est dans le vent du ciel.

C’est le nom du Dieu que je prie
Qui donne à ma voix sa douceur,
Et, dans ton âme endolorie,
M’annonce à toi comme une sœur.

Si mon front a quelque noblesse,
Je la reçus avec la foi ;
Je n’ai que ma chaste faiblesse
Et mon cœur qui soient bien à moi.

Dieu me vit tremblante et courbée ;
Un piège était sur mon chemin,
Et mon âme y serait tombée,
Sans un miracle de sa main.


KONRAD.

Si des pleurs à tes yeux je ne voyais les traces,
Je te croirais un ange et n’oserais parler.
Ton cœur, que la tristesse embellit de ses grâces,
S’il n’avait pas souffert ne saurait consoler.

Non moins que ta beauté cette douleur m’attire,
M’apprenant que ton sein palpita comme nous.