Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/100

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Comme des flots rongeurs qui tourmentent leurs grèves,
Psyché dans son esprit sentait gronder ces rêves.

Elle marche à pas lents dans ses vastes jardins,
Qui du bord de la mer élèvent par gradins
Jusqu’aux neiges des monts leur haut amphithéâtre ;
Ils dominent au loin sur la plaine bleuâtre,
Où le frais clair de lune en nappes surnageant,
Tombe de cime en cime en cascade d’argent,
Et verse avec ses flots sur les vagues prochaines
L’ombrage projeté des cèdres et des chênes.

Les aigles, les chevaux, les lions familiers,
Sous l’abri du sommeil sont rentrés par milliers ;
Et le chœur des oiseaux s’endort entre les branches
D’où sa voix saluait la nuit aux clartés blanches.
Le flot demi-gonflé bat doucement ses bords.
Au marbre d’un balustre appuyant son beau corps,
La reine se pencha : ses yeux, plongeant sur l’onde
Et montant tour à tour vers la voûte profonde
Où des astres charmants luit la sérénité,
Visitaient l’azur calme et l’azur agité.


PSYCHÉ

« Habite-t-il là-haut vos palais sans limites ?
S’est-il posé sur vous, blanches étoiles, dites ?
Vous brillez avec calme et sans feux éclatants,
Sous un front sans désirs comme des yeux contents,
Une si douce paix vous berce et vous décore,
Que votre âme, ô clartés ! le possède… ou l’ignore.
« Et toi, fier Océan, tu ne demandes rien ;
Tes flots n’ont pas la paix du flot aérien :