Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est toi, jeune Psyché, toi qu’à travers les pleurs,
Il attire vers lui jusqu’aux mondes meilleurs ;
A toi son être entier, toi l’amante et l’épouse !
Chaque étoile de vous, belle reine, est jalouse !
Mais dans l’heureux hymen qui doit fleurir toujours,
Ah ! nous serons au moins le lit de vos amours. »


CHŒUR

« Sur le seuil nuptial la nature est assise ;
Elle attend comme toi l’heure encore indécise ;
Franchissant sur tes pas le suprême degré,
Elle possédera… car elle a désiré !

« La vie aux premiers jours coulait heureuse et lente ;
L’air ne dévorait pas la sève dans la plante ;
L’Océan reposait paisible comme toi.
Sans poursuivre l’amour chacun l’avait en soi ;
Et tout être, endormi dans sa fraîche innocence,
De l’aspiration ignorait la souffrance.

« Les fontaines de miel et les ruisseaux de lait
Suffisaient en ce monde où le cœur seul parlait.
La terre encore enfant, de sa sève enivrée,
Des flots de l’inconnu n’était pas altérée ;
Nul n’y rêvait encore excepté toi, Psyché,
Par delà le bonheur un plus grand bien caché.
Le désir dans le monde est entré par ton âme ;
La douleur a germé dans les flancs de la femme ;
Tes mains ont dérobé pour nous le feu fatal,
Et depuis ce moment nous souffrons de ton mal.